Le 18 avril, à l’Hôtel Lévesque de Rivière-du-Loup, l’Union des producteurs agricoles (UPA) a présenté les particularités bas-laurentiennes d’un sondage mené auprès des personnes œuvrant dans le secteur agricole. Faisant partie de l’Opération inflation, ledit sondage portait sur les conséquences des hausses des taux d’intérêt et de l’inflation sur l’état financier des fermes québécoises. Ses résultats brossent un portrait inquiétant de leur viabilité dans le contexte actuel.
Les statistiques donnent froid dans le dos. Au Bas-Saint-Laurent, une ferme sur quatre se dit en « mauvais » ou en « très mauvais » état financier; près de la moitié prévoient une détérioration de leurs finances dans la prochaine année. En réponse à ces difficultés, un peu plus d’une ferme sur dix croit devoir fermer ses portes dans les douze prochains mois.
« On ne se le cachera pas, c’est difficile. Le moral est bas », admet Glennis Ouellet, productrice de sanglier à Saint-Alexandre-de-Kamouraska. Ses yeux se mouillent et sa voix tremble. « On essaie de regarder par en avant, mais pour ma part, c’est mois par mois. Il faut que je projette ma production sur 18 mois d’avance, mais je ne la vois pas. […] On flotte, on nage, mais on a besoin d’aide. On a besoin de solutions, maintenant. »
Nathalie Lemieux, première vice-présidente de l’UPA, a passé l’avant-midi à écouter des témoignages poignants comme celui de Glennis Ouellet. « Je vous avoue que j’en ai eu des frissons, rapporte-t-elle. J’ai senti un milieu agricole fragile, et ça me fait peur de voir ça. Ça me fait peur d’entendre dire : “Je ne sais pas demain matin comment je vais faire pour me lever. Est-ce que je vais avoir le goût de passer à travers ma journée?” » Elle reconnaît que « les consommateurs sont derrière nous », mais elle souhaiterait aussi sentir cela de la part des gouvernements. La première vice-présidente insiste sur le fait que quand les producteurs agricoles « demandent une aide spécifique, ce n’est pas pour rien ».
Projet de société
Selon Mylène Bourque, présidente du Syndicat de l’UPA Kamouraska, l’avenir de l’agriculture au Québec relève d’un « projet de société ». « À court terme, [la solution] est d’aller chercher des programmes de liquidités pour essayer de remettre la production à flot, juste pour dire qu’on survit et que ça continue. Mais, c’est sûr qu’à long terme, ce qu’on vise, c’est d’avoir des changements majeurs. »
L’agriculture occupe une place importante au Kamouraska, ce qui est d’ailleurs reflété dans le logo de la MRC. Pour Mylène Bourque, il s’agit d’un milieu dynamique. « Il y a beaucoup de familles encore qui vivent de l’agriculture. C’est beau, et c’est à garder », soutient-elle, soulignant la diversité des fermes du coin. Elle observe que dans les grands centres, « quand une ferme prend de l’expansion, nécessairement, d’autres disparaissent. »
À la sortie de la conférence, la présidente souhaite surtout que les Kamouraskois œuvrant dans le secteur agricole sachent qu’ils ne sont pas seuls. « Il y a beaucoup de producteurs qui se sentent peut-être isolés chez eux, qui sont moins au courant de ce qui se fait. On peut se sentir incompétent, mais [le mauvais état financier] est un problème qui est généralisé dans le milieu. L’UPA essaie fort d’aider tout le monde, de les sortir de la misère », conclut-elle.