La fondatrice de La Pommetterie tire sa révérence

Diane Lavoie. Photo : Archives Le Placoteux

Douze ans que Diane Lavoie préside et dirige, bénévolement et à bout de bras, les destinées de La Pommetterie à Saint-Gabriel-Lalemant. La semaine dernière, elle a envoyé sa lettre de démission au conseil d’administration de l’OBNL qu’elle a fondé, lasse d’attendre une relève qui ne se pointe pas. Elle souhaite aujourd’hui que l’électrochoc de son départ stimule la communauté à poursuivre ce projet qui a pris racine en 2007. 

Diane Lavoie n’en est pas au premier projet qu’elle démarre, ni au dernier dont elle finit par se détacher. En 2017, Le Placoteux révélait ce que plusieurs ignoraient de cette dame diplômée « sur le tard » en agronomie : 50 ans auparavant, elle était une de sept fondatrices du Festival d’été de Québec. C’était en 1968, et elle avait 19 ans. 

Vingt ans après, elle récidivait avec le Théâtre jeunesse Les Gros Becs. Et un autre 20 plus tard, elle se laissait convaincre par l’ancien maire Raymond Chouinard de faire de la politique municipale.

Élue conseillère, elle a ensuite travaillé à la revitalisation de Saint-Gabriel-Lalemant à travers l’ambitieux projet Vergers, fleurs et pommettes, visant à embellir la municipalité. Le succès de ce projet est ce qui posera les bases de la création de La Pommetterie en 2011. 

Connue entre autres pour son jus et sa gelée de pommettes, La Pommetterie a su se bâtir une notoriété qui va au-delà des frontières du Kamouraska.

Cette renommée est telle que l’OBNL peine aujourd’hui à répondre à la demande.

« On est à la croisée des chemins. Il faut des investissements pour poursuivre le développement. Mais moi, ça fait plus de 15 ans que je suis là-dedans. Si j’arrivais, ça serait différent, je sauterais à pieds joints », dit la présidente et directrice démissionnaire.

Céder sa place

Diane Lavoie est d’avis qu’après sept ans, les idéateurs d’un projet comme celui-là doivent céder leur place, car souvent la conjoncture est favorable. Dans son cas, la pandémie est venue tout chambouler. Les restrictions sanitaires ont fait fondre comme neige au soleil le nombre de bénévoles impliqués dans la transformation, de sorte que La Pommetterie a dû trouver des solutions afin de maintenir un rythme de production permettant de répondre à son carnet de commandes bien garni, sans épuiser « son monde » pour autant.

« On a au moins 900 pommetiers répartis chez sept propriétaires dans tout Saint-Gabriel. Quand ça se met à produire, tu ne peux pas niaiser : il faut récolter et transformer », poursuit-elle.

Passer le flambeau dans ces circonstances exceptionnelles semblait donc contre nature pour Diane Lavoie. Et pourtant, deux couples se sont montrés intéressés durant ce moment. Chaque fois, « la passation des pouvoirs » a avorté.

« Le manque d’argent et de disponibilité, c’est ce qui a fini par jouer. Et quand ça fait deux fois que tu essayes et que ça ne fonctionne pas, tu n’as plus le goût d’essayer à nouveau », avoue-t-elle.

Démission

Ainsi, Diane Lavoie a donc décidé de quitter l’organisme, une décision qu’elle a quand même pris le temps de mûrir. Soucieuse de ne pas voir son « bébé » disparaître avec son départ, elle a tout de même avisé ses partenaires : la Municipalité de Saint-Gabriel-Lalemant, la MRC de Kamouraska et le Regroupement des Caisses Desjardins du Kamouraska.

Tous seraient prêts à s’engager d’une quelconque manière pour assurer la pérennité de l’OBNL qu’elle suggère aux administrateurs, dans sa lettre de démission, de convertir en coopérative de solidarité. 

À l’approche de l’assemblée générale annuelle, Diane Lavoie s’est engagée à rester en poste jusqu’à cette date. Ensuite, elle souhaite ardemment que la communauté sache se saisir de La Pommetterie, ce qui n’a pas toujours été le cas par le passé.

« Il y a eu beaucoup d’embûches au fil des ans, mais on a toujours réussi à passer à travers et à progresser. Maintenant, le reste ne m’appartient plus. Tout ce que je dis à ceux qui vont me succéder : n’ayez pas peur, et ayez de la vision. »