Critique : Une soirée digne d’Hollywood pour les élèves du Groupe 601

La distribution complète de Groupe 601 devant le Cinéma Le Scénario. Photo : Maxime Paradis

La classe de 6e année de M. Yvan Lévesque à l’école Sacré-Cœur de La Pocatière a vécu une soirée digne des grandes premières hollywoodiennes. Trois des quatre salles du Cinéma Le Scénario ont été réquisitionnées pour la présentation de leur film Groupe 601, scénarisé et réalisé par l’enseignant. Les 22 élèves de la classe, qui y défendent tous un rôle, ont ensuite défilé sur le chic tapis rouge déroulé spécialement pour eux.

Il fallait être sur place pour contempler le sourire de ces enfants, le 12 juin dernier en soirée. Les parents n’étaient pas peu fiers non plus, eux qui se sont massés le long du tapis rouge à la toute fin de la présentation, téléphone cellulaire à la main, afin de capter quelques clichés de leurs enfants qui défilaient chacun leur tour, vêtus de leurs plus belles tenues, comme lors d’une soirée des Oscars.

« J’ai adoré mon expérience! On a tissé des liens ensemble, toute la classe », a souligné Malik Lavoie, un des sept comédiens principaux, au terme de la présentation.

Groupe 601 raconte l’histoire d’une classe de 6e année de l’école Sacré-Cœur, qui tente de percer une série de mystères qui ont secoué l’établissement depuis sa construction au début des années 1960.

Cette saga d’une durée de deux heures se déroule tout au long de l’année scolaire 2022-2023, et est ponctuée d’aventures, de suspense, et même d’humour, trois ingrédients dont le dosage a été suffisamment équilibré pour plaire à toutes les variétés de cinéphiles.

Yvan Lévesque, enseignant, Joëlle Hudon, directrice, Maxime Savoie, enseignant d’éducation physique, deux parents d’élèves, Clémence et Christophe Arnaud, sans oublier le concierge de l’école, Christian Trudel, sont du nombre des adultes qui complètent la distribution. Yvan Lévesque et Christian Trudel héritent toutefois de rôles plus consistants.

Ce dernier, craint sans raison par les enfants en début d’année, devient finalement leur principal allié dans leur quête, ce qui n’est pas sans rappeler ces personnages coups de cœur du vieillard qui déneige les trottoirs, ou encore de la dame itinérante amoureuse des colombes dans les classiques du temps des Fêtes Maman, j’ai raté l’avion!

Quant aux enfants, tous finissent par briller à un moment ou l’autre du film, lors de scènes humoristiques ou de moments clés liés à l’intrigue principale.

Le « groupe des sept », composé des jumeaux Louis et Noémie Arnaud, Anne Belhumeur, Camille Landry, Malik Lavoie, Thomas Lebel et Emy-Maude Pigeon, ressort toutefois du lot, ses membres étant les protagonistes de l’histoire.

Leur jeu, qui évolue de manière stupéfiante entre les premières scènes tournées en septembre 2022 et les dernières en mai 2023, permet de soutenir l’intrigue qui se complexifie au fur et à mesure que l’histoire se dénoue.

« Mon personnage, Emma, était assez proche de qui je suis dans la réalité. Je n’ai pas eu à changer tant ma personnalité », a indiqué Emy-Maude Pigeon au sujet de son interprétation.

« Le tapuscrit disait d’Anna, celle que j’incarne, qu’elle était de nature très calme, voire trop. C’est tout l’opposé de moi dans la vie. Dans la réalité, je suis celle que mes parents font répéter, car je parle beaucoup trop vite », a pour sa part renchéri Anne Belhumeur.

L’opus de monsieur Yvan

Véritable cerveau derrière ce projet, Yvan Lévesque a déployé une énergie hors du commun dans la concrétisation de Groupe 601. À la fois scénariste, réalisateur et comédien, Yvan Lévesque se devait également de vaquer à sa vocation première d’enseignant, ce qui n’était pas de tout repos lorsque le tournage n’impliquait qu’une partie des élèves.

« Je dois avoir mis l’équivalent de 450 heures de travail dans la production de ce film. Même mes propres enfants, Yoan et Alexane, m’ont aidé », évoque-t-il.

Le scénario, dont 80 % ont été rédigés en cinq jours en septembre dernier, alors que l’enseignant était affligé par la COVID-19, est un véritable tour de force en soi. En multipliant les références historiques et de véritables lieux géographiques, Yvan Lévesque a attaché les ficelles d’un mystère où il aurait été facile de se perdre, alors qu’au contraire, il laisse plutôt pantois devant tout le génie créatif qu’il déploie.

Quant aux « scènes satiriques », inspirées de réelles situations vécues par l’enseignant ou par des collègues de travail, elles visent juste et font sourire à coup sûr, quand ce n’est pas réfléchir. Loin de ralentir la course de l’intrigue, ces scènes légères remettent les pendules à l’heure sur les exigences parentales qui n’ont souvent ni queue ni tête, mais avec lesquelles le corps professoral se doit de conjuguer au quotidien pour le « bien-être » des enfants.

Tous ces ingrédients réunis font de Groupe 601 un film amateur qui méritait amplement sa première en salle, là où la magie opère toujours davantage que dans le confort de son salon.

Prévu initialement pour une diffusion sur les plateformes numériques, il est à souhaiter, maintenant qu’il a connu sa première au cinéma, qu’il soit livré à son destin initial en étant rendu disponible sur YouTube, afin d’en faire bénéficier tous les curieux qui n’ont pu être de ce rendez-vous unique.

Louis Arnaud. Photo : Maxime Paradis
Noémie Arnaud. Photo : Maxime Paradis
Anne Belhumeur. Photo : Maxime Paradis
Camille Landry. Photo : Maxime Paradis
Malik Lavoie. Photo : Maxime Paradis
Thomas Lebel. Photo : Maxime Paradis
Emy-Maude Pigeon. Photo : Maxime Paradis
Yvan Lévesque. Photo : Maxime Paradis