Il alimente en eau potable les municipalités de Saint-Aubert et de Saint-Jean-Port-Joli. Le lac Trois-Saumons et son bassin versant sont au cœur de la vie quotidienne de près de 5000 personnes, mais on connaissait mal, jusqu’à tout récemment, les menaces auxquelles ils sont confrontés.
Une analyse de vulnérabilité réalisée en 2021 fait désormais la lumière sur les pressions auxquelles le plan d’eau est ses tributaires sont soumis, en plus d’orienter les actions futures visant à mieux les protéger.
« Le lac va bien », a avoué Édith Blanchet, chargée de projet en aménagement à l’Organisme des bassins versants (OBV) de la Côte-du-Sud, « mais cela ne veut pas dire qu’il faut s’asseoir sur nos lauriers pour autant », s’est-elle empressée d’ajouter.
En 2018, le bas niveau du lac Trois-Saumons et de sa rivière inquiète les deux municipalités qui s’y alimentent. Cet épisode est accompagné d’une forte turbidité [NDLR Teneur en matières en suspension dans l’eau] qui force l’arrêt du traitement de l’eau potable dans les usines de filtration.
Les municipalités se tournent alors vers leurs voisines pour nourrir leurs réseaux d’aqueduc respectifs, avec tout ce que cela représente en matière de coût.
« Elles [les municipalités] ont pris conscience à ce moment de la fragilité du bassin versant », poursuit Édith Blanchet.
Saint-Aubert et Saint-Jean-Port-Joli ont ensuite saisi l’occasion d’une analyse de vulnérabilité des sources destinées à l’alimentation en eau potable – obligée par l’adoption en 2014 du Règlement sur le prélèvement des eaux et leur protection par le gouvernement du Québec – pour élaborer un plan de protection travaillé par l’OBV de la Côte-du-Sud.
La démarche a bénéficié d’une aide financière de 77 000 $ du Programme pour l’élaboration des plans de protection des sources d’eau potable du ministère du Développement durable, de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques.
Le lancement du projet s’est tenu le 22 juin à l’école Aubert-De Gaspé de Saint-Aubert. Une trentaine de personnes, la majorité résidant autour du lac Trois-Saumons, étaient présentes.
« La réception a été très positive. Il faut dire qu’on faisait quand même face à des gens déjà convaincus qu’il faut en faire plus pour protéger le lac Trois-Saumons et son bassin versant; des gens qui posent déjà des actions individuelles en aménageant leurs bandes riveraines, ou en installant des barils récupérateurs d’eau de pluie pour ralentir le ruissellement et l’érosion », indique la chargée de projet en aménagement.
Vulnérabilité exposée
Alimenté par sept tributaires situés principalement dans son versant est, le lac Trois-Saumons s’écoule ensuite dans la rivière du même nom, jusqu’au fleuve Saint-Laurent.
Les différentes activités réalisées sur son pourtour ou dans son bassin versant, comme le déboisement, le mauvais entretien des chemins forestiers, ou encore tout ce qui est lié à la villégiature — navigation, fosses septiques et champs d’épuration déficients — sont autant d’éléments qui peuvent expliquer les épisodes de forte turbidité observée à la fonte des neiges ou lors de pluies diluviennes.
À cela s’ajoute la présence du phosphore dans l’eau qui, lorsque trop abondant, peut contribuer à la croissance des cyanobactéries. Dans le cas du lac Trois-Saumons, les analyses ont permis de découvrir que les apports proviennent davantage du bassin versant que des sédiments présents dans son fond.
« Tout ce qui est forêt va produire du phosphore. Mais lorsque du déboisement est effectué, cet apport est jusqu’à cinq fois plus important », précise Édith Blanchet.
Actions
À partir de ces constats, différentes actions sont déjà en place. L’inspection des installations septiques de plus de 25 ans, ou encore la réalisation de plans d’aménagement de bandes riveraines avec des essences d’arbres disponibles à coût réduit sont du nombre.
Du porte-à-porte doit ensuite suivre cet été autour du lac Trois-Saumons afin de sensibiliser et de mobiliser les résidents à adopter de meilleures pratiques. « Nous ne sommes pas dans une approche “police” de l’eau, mais plutôt dans le partage de connaissances », mentionne la représentante de l’OBV de la Côte-du-Sud.
Un nouveau code de navigation pour le lac Trois-Saumons, accompagné d’une carte, sera aussi dévoilé dans le prochain mois. D’autres actions seront aussi élaborées ultérieurement avec tous les acteurs ayant des activités au sein du bassin versant.
Trois cents résidences sont actuellement construites autour du lac Trois-Saumons à Saint-Aubert. Ce nombre « dépasse largement la capacité d’accueil du lac », souligne Édith Blanchet.