Charles Milliard, un homme de terrain

Charles Milliard, au centre, entouré du président de la Chambre de commerce Kamouraska-L’Islet Gabriel Hudon et de la directrice générale Nancy Dubé. Photo : Maxime Paradis

De passage au Kamouraska pour un mélange de travail et de vacances, le PDG de la Fédération des chambres de commerce du Québec (FCCQ) Charles Milliard continue de prendre le pouls des régions. En tournée depuis 18 mois partout au Québec, il tend l’oreille aux problèmes vécus par les entrepreneurs québécois afin de donner davantage de poids aux sorties publiques de son organisation.

Charles Milliard habite Montréal, car le bureau de la Fédération s’y trouve, pour « des raisons pratico-pratiques », avoue-t-il. « La force de la FCCQ, c’est les régions du Québec », poursuit-il, rappelant qu’il existe 125 chambres de commerce affiliées partout dans la province.

Originaire de Lévis, le PDG a des racines bien kamouraskoises. Sa mère est native de Saint-Pacôme, et son père est de Saint-Gabriel-Lalemant. Sa tante est la mairesse de Saint-Pacôme Louise Chamberland, ce qui explique son mélange de travail et de vacances au Kamouraska, mais également son attachement aux régions du Québec, où il est visiblement enraciné.

 « Il faut en faire davantage pour vendre les régions du Québec à l’international. Si on souhaite réellement attirer des travailleurs étrangers en région, il faut montrer autre chose que des photos du Château Frontenac et du Stade olympique », image-t-il.

Poudre aux yeux pour les médias régionaux? Pas vraiment. Charles Milliard cite en exemple le récent mémoire de son organisation, déposé en lien avec la Planification pluriannuelle de l’immigration pour la période 2024-2027 au Québec. Vingt-deux recommandations y sont faites. Plusieurs trouvent écho dans les régions, mais trois en particulier sont articulées autour de la régionalisation de l’immigration.

« On parle beaucoup de seuils au Québec, mais pour nous, ce qui est important, c’est la capacité d’accueil dans chaque région. Ça implique d’avoir des places en garderie pour les enfants, une disponibilité de services médicaux et en éducation, des ressources en francisation, des logements. En additionnant toutes ces variables, là on pourrait en venir à établir rationnellement un chiffre, mais médiatiquement, ce n’est pas très accrocheur », dit-il.

Productivité

Charles Milliard est aussi de ceux qui ne voient pas en l’immigration la seule solution à la pénurie de main-d’œuvre qui sévit actuellement au Québec. Le PDG aime parler de productivité, un volet dans lequel le Canada se classe avant-dernier parmi les pays du G7, selon des statistiques rapportées par l’Institut économique de Montréal dans La Presse du 16 août 2023. Automatisation et robotisation sont la clé pour renverser la vapeur, mais la spirale inflationniste — augmentation de 3,3 % de l’indice des prix à la consommation en juillet dernier — avec laquelle doit jongler le pays depuis plusieurs mois n’aide en rien, reconnaît-il.

« Il y a des programmes gouvernementaux d’aide financière qui existent pour aider les entreprises à automatiser et robotiser les emplois à faible valeur ajoutée. Le problème, c’est que les entrepreneurs ne les connaissent pas. Les chambres de commerce servent aussi à ça, à faire connaître ces programmes. On travaille en partenariat avec tous les organismes de développement économique du territoire », rappelle-t-il.

Ces partenariats, ou encore cette proximité avec les différents paliers gouvernementaux n’entachent en rien l’indépendance de la FCCQ, assure Charles Milliard. L’organisation sait se rapprocher quand vient le temps de suggérer, mais elle sait aussi cultiver une certaine distance qui lui permet de critiquer le politique le moment venu.

« La vitalité de la Fédération repose sur nos membres, et sur la confiance qu’ils nous accordent pour défendre leurs intérêts. On fournit les outils nécessaires à nos chambres de commerce pour qu’elles puissent rayonner dans leurs milieux respectifs, et en échange, elles nous nourrissent sur les enjeux qui leur sont propres. C’est pourquoi on dit qu’en adhérant à une chambre, c’est plus qu’un portail qui s’ouvre aux entrepreneurs, c’est tout un réseau. »