Riche d’une histoire qui s’échelonne sur pratiquement 100 ans, le Restaurant Opéra de La Pocatière voit un nouveau propriétaire prendre ses rênes en la personne de David Fromentin. Le jeune entrepreneur de 34 ans en a officialisé l’achat à Damien Charest, le 1er septembre dernier.
L’acquisition du restaurant par David Fromentin est un bel exemple de relève entrepreneuriale, telle que prônée par les organisations de développement économique de la région. Impliqué depuis deux ans dans l’entreprise, la transition s’est effectuée en douceur jusqu’à la conclusion de l’achat il y a quelques semaines à peine.
« Je travaille dans le domaine de la restauration depuis l’âge de 16 ans. Avant l’Opéra, j’étais chez Mikes La Pocatière, où je me suis impliqué dans diverses facettes de l’entreprise », a rappelé le jeune propriétaire.
Damien Charest, bien connu dans la région à titre de magicien, avait à l’origine acquis le Restaurant Opéra en 2015 avec Claire Pelletier et Jean Morneau.
Depuis 2016, il était le seul propriétaire, mais il pensait déjà « à se trouver une relève », en prévision de la retraite. L’intérêt de David Fromentin à reprendre l’entreprise est arrivé à point, alors que la pandémie de COVID-19, particulièrement éprouvante dans le domaine de la restauration, n’a pas manqué d’essouffler Damien Charest et sa conjointe, Celeste Lopez.
« Je me suis beaucoup amusé, ici. Mais à 65 ans, c’est l’âge de la retraite, et ma santé ne me permet plus de soutenir ce rythme-là », a reconnu le propriétaire cédant.
Une recette éprouvée
Le Restaurant Opéra emploie 35 employés répartis sur plusieurs fronts : service, livraison, cuisine. La main-d’œuvre demeure toujours un enjeu important dans le contexte actuel, mais l’entreprise, qui jouit d’une solide réputation à La Pocatière et dans la région, a su ces dernières années demeurer attractive par le salaire et les conditions de travail qu’elle offre à ses employés.
Trois travailleurs étrangers s’épanouissent également dans l’équipe, dont un cuisinier arrivé il y a déjà trois ans, et envers qui Damien Charest s’est engagé à appuyer David Fromentin dans les démarches pour renouveler son permis de travail.
En étant désormais aux commandes de l’entreprise, David Fromentin ne cherche pas à revoir de fond en comble le concept de l’Opéra, mais plutôt à intégrer des nouveautés progressivement, entre autres par le biais du menu régulier et de sa formule table d’hôte.
Instaurer le compostage en cuisine, et doter son équipe au service de tablettes numériques pour les commandes font aussi partie de ses plans.
Le jeune entrepreneur avoue cependant être un peu inquiet dans le contexte économique actuel, où l’inflation entraîne une diminution de la consommation chez les gens. Les travaux anticipés sur la 4e Avenue Painchaud, possiblement à l’été 2024, le préoccupent en partie.
« Je me rassure en me disant qu’on peut accéder à mon restaurant par l’arrière, contrairement à d’autres commerces de la rue. Mais être entrepreneur, c’est aussi ça, relever les défis qui se présentent à nous », philosophe-t-il.
Longue histoire
Le Restaurant Opéra est certainement l’un des commerces les plus anciens de la 4e Avenue Painchaud, voire même de tout La Pocatière. Il a été ouvert en 1941 par Joseph-Nicolas Rouleau, dit José Rouleau, à la suite de la demande de Nazaire Lemelin des Autobus Lemelin d’avoir un endroit où les voyageurs pourraient se restaurer.
José Rouleau, qui tenait déjà à cet endroit un salon de barbier et une forme de tabagie depuis 1927, a opéré l’endroit sous le nom de Restaurant Rouleau jusqu’à son décès en 1954. Sa femme Alice Bérubé, qui a hérité de ses biens, a poursuivi l’œuvre de son mari avec ses enfants jusqu’en 1967, faisant construire l’actuel bâtiment en 1961.
Charles-Auguste Noël, époux d’Aline Rouleau (fille de José Rouleau et Alice Bérubé) a ensuite pris le relais jusqu’en 1970, moment où Clovis Minville s’en est porté acquéreur. Ce dernier a alors rebaptisé l’endroit Opéra, en référence à un restaurant qu’il avait tenu jadis à Montréal, voisin du magasin Opera Diamond.
Aidé de sa femme Lorraine Labrie, ils ont ensemble offert un second souffle à l’établissement jusqu’à sa vente à Albert Gagnon en 1988, puis à Normand Michaud en 2004, qui l’a cédé à son tour en 2015.