Saint-André-de-Kamouraska réussira-t-elle à avoir gain de cause? Le dévoilement anticipé des nouvelles cartes des zones inondables prévues cette année suscite un minimum d’espoir chez le maire Gervais Darisse, qui avec l’aide de la MRC de Kamouraska tente depuis quelques années de faire reconnaître l’aboiteau du village comme ouvrage de protection contre les inondations (OPI).
Gervais Darisse ne sait toujours pas à quoi s’attendre. Selon Radio-Canada, le ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs (MELCCFP) devrait prépublier le projet de règlement permanent encadrant l’aménagement du territoire en zones inondables au printemps 2024. Une période de consultation officielle de 45 jours s’ensuivrait, pour une adoption du règlement à l’automne 2024.
À Saint-André-de-Kamouraska, une somme de 380 000 $ — dont la majeure partie provenait du ministère des Affaires municipales et de l’Habitation (MAMH) — a permis de réaliser avec la MRC de Kamouraska des études géologiques et hydrologiques sur l’aboiteau (digue) qui ceinture le village au nord et à l’ouest. Les résultats complets, qui se font toujours attendre, seront communiqués dans leur entièreté une fois qu’ils seront reçus, promet Gervais Darisse.
En attendant, le maire dispose des grandes lignes, ce qui lui permettrait de confirmer que la digue répond réellement à la vocation d’un OPI. « Les chercheurs ont procédé à une simulation sur une dizaine de jours, et les études ont démontré que la digue résistait, et qu’elle ne présentait pas de signes d’érosion dans le village ni vers l’ouest. Où la digue était plus vulnérable, à l’est, l’aboiteau a depuis été reculé », a-t-il résumé.
Saint-André-de-Kamouraska pourrait-elle être exclue de la zone inondable, à la lumière de ces conclusions? Gervais Darisse ne s’y attend pas. Selon lui, les résultats des études permettront tout au plus de rendre le cadre normatif du Ministère moins contraignant. L’agrandissement des bâtiments actuels, la construction de garages, de cabanons, ou même de terrasses devraient être de nouveau permis, espère le maire.
« De toute manière, il n’y a plus d’espace de développement disponible dans le périmètre urbain de Saint-André. Notre combat, il était essentiellement pour que les citoyens actuels puissent jouir de leurs biens comme il se doit », ajoute-t-il.
Ailleurs au Kamouraska
Les résidents du noyau urbain de Saint-André-de-Kamouraska ne seraient pas les seuls à se réjouir d’une reconnaissance des aboiteaux comme OPI. Plusieurs producteurs agricoles de la MRC de Kamouraska, qui possèdent des terres à proximité des aboiteaux, sont aussi considérés en zone inondable par le MELCCFP.
En conséquence, certains producteurs devraient abandonner jusqu’à 20 % de leur superficie en culture à proximité de l’aboiteau afin de respecter le cadre réglementaire du Ministère. Cette réalité, combinée à celle vécue à Saint-André-de-Kamouraska, avait motivé le front commun de la MRC de Kamouraska et de l’UPA du Bas-Saint-Laurent en septembre 2022 afin de faire reconnaître les aboiteaux comme OPI.
Outre les études géologiques et hydrologiques réalisées depuis, il semblerait que la compréhension des aboiteaux et de leur rôle se soit améliorée au MELCCFP. La création de comités de travail auxquels siègent notamment le ministère de l’Environnement, le MAPAQ et la MRC de Kamouraska expliquerait ces avancées, bien que l’ensemble du processus demeure confidentiel pour le moment.
Selon Gervais Darisse, le député de Côte-du-Sud Mathieu Rivest aurait facilité la réunion de tous ces acteurs autour d’une seule et même table. De plus, le député serait à l’origine de la révision d’une disposition importante du règlement qui permet désormais au propriétaire d’un bâtiment principal non résidentiel de déposer une demande au ministère de l’Environnement pour l’agrandir en zone inondable, ce qui a rendu possible le projet du Garage N. Thiboutot à Saint-André-de-Kamouraska.
Loin d’être terminés, les travaux des comités se poursuivent. De l’avis de Mathieu Rivest, la particularité kamouraskoise serait aujourd’hui beaucoup mieux saisie.