Qui aura sa part du gâteau? Difficile à dire, mais on peut déjà certifier qu’il y a beaucoup d’appelés, et qu’il y aura peu d’élus. Les infrastructures sportives de Côte-du-Sud n’ont jamais été aussi désuètes, des investissements majeurs s’imposent à plusieurs endroits, mais les municipalités et les organisations n’ont jamais eu si peu de moyens, les obligeant à se brancher encore une fois aux mamelles de Québec.
Le PAFIRSPA, un programme de 300 M$ destiné à la réfection d’infrastructures sportives existantes, ou à la construction de nouvelles, est le nouveau messie qui pointe à l’horizon des municipalités du Québec pour mettre à jour leurs piscines, arénas ou autres terrains sportifs datant de l’ère du béton, les années 1970.
En Côte-du-Sud, 20 projets ont été déposés. Le quart d’entre eux totalise environ 75 M$ en investissements! Bonjour déceptions, car tout le Québec a fait appel à ce miraculeux programme qui promet injecter au total 1,5 G$, mais sur une période de dix ans. Espérons qu’il y aura encore des trucs récupérables d’ici là…
Un peu de sympathie pour le député de Côte-du-Sud, Mathieu Rivest, s’impose dans les circonstances. Tous ceux qui ont déposé doivent lui tirer l’oreille, mais que peut-il faire de plus?
Ces programmes sont normés et gérés par des fonctionnaires, il faut donc cocher les « bonnes cases », vous voyez le genre? Notre bon député peut bien faire les yeux doux, la danse de la pluie, ou encore même invoquer tous les saints existants, seulement 300 M$ sont disponibles cette année; à un moment ou à un autre, « la sacoche sera vide », dixit Monique Jérôme-Forget.
Le Cégep de La Pocatière, le Collège de Sainte-Anne-de-la-Pocatière et la Ville de Saint-Pascal semblent bien conscients de la galère sur laquelle ils sont engagés. L’un rappelle la valeur patrimoniale de son infrastructure unique au Québec, le second laisse miroiter que son conseil d’administration pourrait tirer la plogue du projet si le financement n’est pas tout attaché, et le dernier rappelle la patience dont il a fait preuve dans l’attente du programme salvateur qui épongerait les deux tiers des coûts.
L’émotion peut avoir la cote auprès du grand public et du député, mais les fonctionnaires sont d’ordinaire imperméables à ce type de doléances.
Sous-investissement
Ce que cette course contre la montre au PAFIRSPA dévoile également est le sous-financement dont souffrent nos infrastructures — sportives, pour ne nommer que celles-là. On a beaucoup construit dans les années 1960 et 1970, à l’époque où il fallait faire passer le Québec dans la « modernité ».
Cégeps, arénas, polyvalentes, seuls les deux chocs pétroliers de 1973 et 1979 ont mis la pédale douce à cette période faste pour l’industrie de la construction — quoique, quand on connaît la saga du stade olympique, et les 870 autres millions qu’il nous en coûtera encore pour son nouveau toit et son nouvel anneau technique…
À cette époque de « grand rattrapage », tout était dû pour demain — comme maintenant! —, et les chèques se signaient aussi vite que les rubans d’inauguration se coupaient. Mais rien n’est éternel, et cela, nos bons gouvernements, peu importe le palier, ont tendance à l’oublier.
Une fois la photo publiée dans le journal, l’élection gagnée, et tout le monde content, l’être humain n’a pas tendance à se préoccuper des lendemains coûteux qu’impose l’entretien récurrent, ou encore de la nécessaire mise à niveau qui surviendra dans 50 ans.
Heureusement pour nous, l’industrie, elle, a la mémoire plus longue. Elle sait que nos gouvernements sont de piètres planificateurs, qu’ils aiment politiser tous ces projets et qu’il n’y a rien de mieux qu’un sentiment d’urgence pour justifier un dépassement de coût déraisonnable. Alors, ne vous attendez pas à ce que les prix de ces projets cessent d’exploser demain matin. Surtout pas si 1,5 G$ d’argent public attendent bien sagement d’être investis d’ici dix ans par le gouvernement du Québec, dans un contexte de « pénurie de tout »…
Le préfet de la MRC de Kamouraska, Sylvain Roy, espère de son côté que les revenus anticipés de l’éolien apporteront une indépendance nouvelle aux municipalités aujourd’hui trop dépendantes de Québec dans la réalisation de ces projets d’envergure.
La vérité est que ces sommes s’annoncent plutôt être un petit plaster sur une grosse plaie déjà bien infectée. Ce tango à trois — municipalités, Québec, industrie de la construction — est déjà trop bien huilé pour se départir d’un de ses danseurs, et ce ne sont pas quelques millions de l’éolien à partager entre 17 municipalités qui feront une si grande différence.
Aussi bien dire que nous sommes condamnés à une répétition perpétuelle de ce film qui joue en boucle depuis 50 ans? S’il faut payer pour apprendre, visiblement, on n’a pas encore assez donné!