Les ex-députés progressistes-conservateurs de la Côte-du-Sud n’entretiennent que de bons souvenirs à l’égard de Brian Mulroney, ancien premier ministre canadien décédé le 29 février à l’âge de 84 ans. Pierre Blais et André Plourde, respectivement ministre et député sous l’ère Mulroney, parlent d’un leader d’exception pour qui ils avaient beaucoup d’amitié.
Pierre Blais, ex-député de Bellechasse, avait encore la voix nouée par l’émotion, lorsque Le Placoteux l’a contacté.
« Nos deux familles se sont bien connues; les Mulroney étaient des gens exceptionnels. On se voyait moins, mais nous sommes toujours demeurés des amis. Encore la semaine dernière, j’avais eu des informations comme quoi il n’allait pas bien », a-t-il avoué.
La circonscription de Bellechasse rassemblait les MRC de Montmagny et de L’Islet à l’époque où elle était représentée par Pierre Blais à la Chambre des communes. Élu une première fois en 1984 et réélu en 1988, Pierre Blais a occupé successivement les postes de secrétaire parlementaire du ministre de l’Agriculture de 1984 à 1986, du vice-premier ministre de 1986 à 1987, et du président du Conseil privé de 1986 à 1987 au sein du gouvernement de Brian Mulroney.
Il a ensuite été ministre d’État affecté à l’Agriculture de 1987 à 1993, Solliciteur général du Canada de 1989 à 1990, ministre des Consommateurs et des Sociétés de 1990 à 1993, ministre de la Justice et procureur général du Canada en 1993. « J’ai été privilégié de faire partie de ce gouvernement. J’ai eu une carrière intéressante en politique grâce à Brian Mulroney », dit-il.
Député de Kamouraska–Rivière-du-Loup durant les mêmes années que Pierre Blais, André Plourde a aussi eu accès à des postes enviables au sein du gouvernement Mulroney, lui qui a occupé notamment celui de secrétaire parlementaire du ministre de l’Industrie, des Sciences et de la Technologie de 1990 à 1991, du ministre du Commerce extérieur de 1991 à 1993, du ministre de l’Emploi et de l’Immigration et du ministre de l’Emploi en 1993.
Il a aussi siégé au comité spécial pour examiner le projet de résolution d’accompagnement à l’Accord du lac Meech, présidé par Jean Charest. « On a fait le tour du Canada pour entendre les mémoires qui étaient déposés. À Terre-Neuve-et-Labrador, le premier ministre Clyde Wells détestait ouvertement le Québec. J’avais dit à Jean Charest qu’il y avait un Judas parmi les premiers ministres du Canada, et c’était lui. Comme je l’avais prédit, il déchiré l’entente en 1990 », se souvient M. Plourde.
Réalisations
L’Accord du lac Meech est vu aujourd’hui comme le plus grand échec de Brian Mulroney qui avait promis de réintégrer le Québec dans la constitution canadienne « dans l’honneur et l’enthousiasme » lors de son élection en 1984. À ce jour, le Québec n’a toujours pas signé la constitution canadienne depuis son rapatriement en 1982 par le gouvernement libéral de Pierre Elliott Trudeau.
« Ce n’est pas un échec : les dix provinces avaient signé Meech en 1987, mais elles avaient trois ans pour ratifier le tout. Entre-temps, des gouvernements ont changé dans les provinces, et les libéraux fédéraux ont aussi travaillé en coulisse pour s’assurer de faire foirer l’entente », nuance aujourd’hui Pierre Blais.
Les deux ex-députés sud-côtois croient néanmoins que l’héritage de Brian Mulroney est monumental. L’accord de libre-échange avec les États-Unis, étendu depuis au Mexique, reste selon eux sa plus grande réussite. André Plourde raconte même que Brian Mulroney a accepté de rencontrer personnellement sa fille pour discuter des négociations entourant l’adoption de cette entente, alors qu’elle travaillait un mémoire sur le sujet dans le cadre sa formation en sciences politiques.
« Quand le dixième anniversaire de l’accord a été célébré, il l’a ensuite invitée à assister aux célébrations, auxquelles participaient également Jean Charest et le président américain George W. Bush. M. Mulroney était d’une grande générosité, le premier ministre de tout le monde », ajoute l’ex-député de Kamouraska–Rivière-du-Loup.
Pierre Blais renchérit, et cite l’entente sur les pluies acides, signée encore là avec les États-Unis, ou encore la position affirmée du Canada contre l’apartheid en Afrique du Sud parmi les autres grandes réalisations de l’ancien premier ministre. « C’était un visionnaire, un leader d’exception. Le meilleur de tous les 23 premiers ministres que le pays a connus. Je l’aurais suivi n’importe où », conclut-il.