Martine Ouellet vilipende le ministre Fitzgibbon

Martine Ouellet et Marianne Le Gendre. Photo : José Soucy

Organisée par le collectif Pour un choix éclairé dans Montmagny-L’Islet, la conférence de Martine Ouellet portant sur la transition énergétique a rassemblé une trentaine de citoyens, le jeudi 11 avril dernier à la Vigie de Saint-Jean-Port-Joli. Éolien, production privée ou publique et sobriété énergétique, tous ces sujets ont été abordés par l’actuelle cheffe de Climat Québec.

D’entrée de jeu, Martine Ouellet — qui, rappelons-le, a déjà travaillé pour Hydro-Québec avant de devenir ministre des Ressources naturelles du Québec dans le gouvernement de Pauline Marois — en avait long à dire sur les politiques énergétiques du gouvernement du Québec.

« Avant de faire d’autres projets éoliens, on pourrait utiliser tout le potentiel d’efficacité énergétique possible. Juste de transférer du gaz à l’électricité et à la géothermie, on aurait un gros gain énergétique. Dans les secteurs industriels, on pourrait ainsi réduire la consommation de 20 % avec la même production, et c’est là qu’est le gros de la consommation. Même chose pour les secteurs commercial et institutionnel, avec sensiblement les mêmes réductions », a-t-elle déclaré.

L’ancienne députée du Parti Québécois s’est également dite excédée d’entendre la culpabilisation individuelle avancée par le ministre Fitzgibbon concernant la sobriété énergétique. « L’histoire de décoller son lave-vaisselle à partir de minuit, comme si ça allait faire une vraie différence, là? Ça, c’est juste pour nous faire sentir coupables, puisque les efforts à faire au niveau résidentiel ne sont pas d’ordre comportemental, mais bien d’ordre structurel. En l’occurrence, l’isolation des maisons, changer différents équipements, notamment, l’utilisation de thermopompes, etc. La première place à agir, ce n’est donc pas au niveau du citoyen, mais bien dans le secteur industriel, et ensuite commercial. Pourtant, c’est drôle ça, ils ne veulent pas y toucher! », a ajouté la principale intéressée.

Pénurie d’électricité?

Questionnée à savoir comment Hydro-Québec était passée de surplus d’électricité à une pénurie, Martine Ouellet n’a pas mâché ses mots concernant la société d’État. « Ça, c’est la vraie question, et c’est assez hallucinant. Comment se fait-il que nous étions en surplus d’électricité, et que quelques semaines plus tard, il faut subitement aller chercher 200 TWH supplémentaires, alors qu’au même moment on signait un deuxième contrat d’exportation? Le coût de production d’électricité avec les nouveaux projets de barrages va provoquer des ventes à perte de notre ressource, de sorte qu’on va subventionner les Américains. Selon mes calculs, on va perdre 16 milliards de dollars sur 20 ans », a-t-elle affirmé.

Qui plus est, la cheffe de Climat Québec s’explique mal pourquoi on fait venir de gros projets industriels au Québec avec des tarifs avantageux pour l’achat d’électricité, alors qu’on sera bientôt en pénurie, tout en demandant aux gens de réduire leur consommation personnelle.

« Ils ont tellement accueilli de nouveaux projets de toutes sortes et à rabais, que là, les surplus qu’on aurait dû utiliser pour la décarbonisation et pour la transition énergétique sont disparus.  Si on annulait toutes ces mauvaises décisions-là, ainsi que les deux contrats d’exportation aux États-Unis — qu’on n’a d’ailleurs pas encore livrés —, on aurait assez d’électricité au Québec pour sortir le gaz et le pétrole de notre équation énergétique, c’est ça la réalité! En somme, tout ce discours n’est qu’un subterfuge pour ouvrir la brèche du monopole de production, de transport et de distribution d’Hydro-Québec. Nos dirigeants sont là uniquement pour le grand capital, et pour servir le Forum économique de Davos afin de s’y faire une place. La seule façon que cela arrête, c’est de mobiliser le pouvoir citoyen », a conclu Martine Ouellet.