Déjà deux signaleurs sont accidentellement décédés dans le cadre de leur travail dans la région de Chaudière-Appalaches et du Bas-Saint-Laurent, dont un, récemment, à Saint-Roch-des-Aulnaies, alors que la saison des travaux routiers vient tout juste de commencer. Il n’en fallait pas plus pour que le Syndicat des Métallos demande une rencontre de toute urgence avec la ministre des Transports et de la Mobilité durable, Geneviève Guilbault, afin de discuter avec elle de la sécurité sur les chantiers routiers.
« L’été n’est même pas encore commencé qu’il y a déjà deux morts qui s’ajoutent aux 19 décès survenus au cours des 16 dernières années. Nous avons formulé en avril dernier plusieurs recommandations pour redresser la situation et sécuriser le travail des signaleurs. Le gouvernement n’y a pas donné suite. Québec doit donc agir rapidement pour mettre de l’ordre dans l’industrie de la signalisation », a expliqué Jean-François Dionne, président de l’Association des travailleurs en signalisation routière du Québec (ATSRQ).
Le premier accident, rappelons-le, est survenu sur la route 195 dans la région de Matane, le 16 mai dernier, causant la mort d’un travailleur dans la soixantaine du ministère des Transports. Le deuxième est survenu le 21 mai sur l’autoroute 20, dans le secteur de Saint-Roch-des-Aulnaies, entraînant malheureusement le décès d’un travailleur de la signalisation de 54 ans. Précisons cependant que l’enquête policière concernant le décès du quinquagénaire n’est toujours pas terminée, et que la CNESST n’a pas encore remis les conclusions de son rapport.
« Des travailleurs paient ainsi de leur vie parce que les chantiers ne sont pas sécuritaires. Il faut redresser la situation rapidement. Avec 21 décès depuis 2008, et un nombre de lésions professionnelles qui a quadruplé entre 2016 et 2022, on ne peut pas dire que c’est le fruit du hasard. Une action est donc nécessaire pour redresser la situation », a ajouté quant à lui le représentant syndical des Métallos, Martin L’Abbée.
Le Syndicat mise entre autres sur une certification des agences de signalisation, l’inspection de la conformité des chantiers et des agences, ainsi qu’une formation plus complète des travailleurs de la signalisation.
En attente d’une réponse
Rejoint au téléphone par Le Placoteux, le président de l’ATSRQ, Jean-François Dionne, a déclaré qu’il avait obtenu une réponse positive de la part du bureau de Mme Guilbault, et qu’il s’attendait à rencontrer cette dernière d’ici deux semaines. La ministre a même déposé une motion à l’Assemblée nationale visant à créer la Semaine nationale de sensibilisation à la sécurité des travailleurs routiers, qui a été acceptée par l’ensemble de la députation.
La première semaine de cette initiative se tiendra donc à l’échelle du Québec du 10 au 16 juin 2024, sous le thème « La protection des travailleurs de chantier, j’embarque ». Lors de cette annonce, Mme Guilbault a tenu une minute de silence afin de rendre un hommage aux nombreux signaleurs décédés sur les chantiers routiers du Québec.
« Chaque année, nos travailleurs routiers sont victimes d’accidents et d’incivilité. C’est inacceptable! À l’approche de la saison intense des travaux, nous devons poser un geste fort pour soutenir ceux dont la vie est exposée aux risques engendrés par les comportements distraits, imprudents ou irrespectueux de certains usagers de la route. C’est pourquoi, comme il est indiqué dans le Plan d’action en sécurité routière que j’ai déposé il y a quelques mois, nous instaurons cette toute première semaine de sensibilisation, afin de faire de la sécurité routière une responsabilité collective. Je tiens à remercier nos travailleurs routiers, et j’incite les Québécois à faire de même pendant la Semaine nationale de sensibilisation à la sécurité des travailleurs routiers. », a-t-elle déclaré.
Entretemps, le Syndicat des Métallos a lancé une ligne de dénonciation au sujet de la conformité et de la sécurité des chantiers routiers. Ainsi, tous les citoyens qui constatent des situations potentiellement dangereuses sont invités à contacter le 1 833 428-1608.
« Lorsqu’un travailleur perd la vie, c’est un drame humain terrible. L’accumulation de tels drames doit faire prendre conscience au gouvernement, et à tous les acteurs impliqués, de l’urgence d’une action concertée majeure pour restaurer la sécurité des travaux de signalisation routière. Il en va de la vie des travailleurs et travailleuses, et des usagers de la route », a conclu M. Dionne.
Geneviève Guilbault. Photo : Wikipédia