Jadis, au Québec, ce sont les communautés religieuses qui s’occupaient des plus faibles et des plus démunis. Il n’était ainsi pas rare de voir un membre de sa famille rejoindre un ordre religieux, une situation perçue comme un service noble à la communauté et à la foi catholique largement répandue chez les Canadiens français du temps. Même si cette époque est désormais révolue, il y a encore des Québécois qui prennent la décision de se mettre au service des autres, et ce, non pas par choix imposé, mais bien parce qu’il s’agit de leur nature profonde. C’est notamment le cas de Sandra Lévesque Michaud, coordonnatrice de la Résidence L’Envol à Saint-Pascal qui offre une alternative de milieu de vie normalisant, adapté et sécuritaire à des personnes adultes vivant avec une ou des limitations intellectuelles ou physiques.
Depuis sa tendre enfance, Sandra Lévesque Michaud a toujours su qu’elle œuvrerait pour son prochain. Sa meilleure amie de la maternelle était par ailleurs en fauteuil roulant. Qui plus est, durant son enfance, la jeune Sandra se portait toujours à la défense des plus faibles, car elle avait énormément de difficulté avec l’injustice. Malheureusement pour elle, malgré sa meilleure volonté, un drame viendra fortement secouer sa vie.
« Quand j’étais jeune, je voulais travailler avec les personnes handicapées, c’était comme un appel pour moi, mais vraiment, là! Cependant, en 1999, alors que j’avais douze ans, ma mère et ma meilleure amie sont décédées simultanément dans un accident d’automobile, alors que j’étais aussi passagère du véhicule. Ce fut un événement extrêmement pénible à vivre. Par contre, si ma mère avait survécu, elle serait possiblement paralysée et en fauteuil roulant, ce qui m’a convaincue davantage de suivre cet appel intérieur », explique Mme Lévesque Michaud avec une certaine émotion.
Ayant à 17 ans débuté une formation collégiale au Cégep de La Pocatière en Éducation spécialisée, Sandra Lévesque Michaud a ensuite travaillé dans les écoles et dans le système de santé comme éducatrice et comme préposée pour la clientèle aînée. Elle a également œuvré pour l’organisme Entraide Pascal-Taché, situé à Saint-Jean-Port-Joli, qui offre des services aux gens vivant avec des limitations physiques, intellectuelles ou sensorielles.
C’est en 2018 qu’elle obtient un poste d’agente d’intégration à l’Association des personnes handicapées du Kamouraska (APHK), poste qui va être la dernière marche avant de devenir, en 2022, coordonnatrice à la Résidence L’Envol de Saint-Pascal.
« J’ai adoré mon poste d’agente d’intégration à l’APHK, et je peux te dire que j’en ai fait des activités avec ma gang. On allait partout! Une des plus belles activités que j’ai faites avec eux fut d’aller visiter le Miller zoo. Lors de cette sortie, j’ai eu la chance de voir plusieurs visages émerveillés. De la gratitude à la tonne. Ce qui est beau lors d’activités auprès des membres, c’est qu’ils nous rendent au centuple le bonheur que leur procure l’activité que nous organisons. Mais force est de constater que cet emploi-là cadrait de moins en moins avec ma réalité personnelle », ajoute la principale intéressée.
Cependant, lorsqu’elle a su que la coordonnatrice de la Résidence L’Envol quittait ses fonctions, elle a rapidement sauté sur l’occasion. « Quand j’ai remarqué que le poste se libérait, je n’avais que ça dans la tête. J’estimais avoir fait le tour de ma responsabilité précédente, et j’avais envie d’aller plus loin dans mon domaine, en gardant néanmoins contact avec la même clientèle tout en pouvant encore faire la différence ».
Estimant désormais être sur son X avec cet emploi, Mme Lévesque Michaud arrive toujours sur son lieu de travail avec le sourire, et repart en fin de journée avec le même état d’esprit. « Tu n’as pas idée à quel point ces gens-là apprécient ce que tu leur apportes, contrairement à nous, généralement. Et je peux te dire qu’ils me le redonnent amplement. Sincèrement, je n’ai réellement pas l’impression de venir travailler, puisqu’on est comme en famille. Si ma vie était à refaire, c’est une évidence que je suivrais le même parcours, car j’ai réellement l’impression d’être à ma place auprès de ces gens-là », conclut-elle avec les étincelles dans les yeux.
Aujourd’hui, l’APHK compte 167 membres, 19 employées, ainsi que deux bâtiments totalisant un avoir de 1,9 M$. Cette année, l’organisme fête son 40e anniversaire, et un bal sera organisé pour toute la clientèle de l’organisme afin de souligner cet événement notable.

