Marjolaine Alain joue avec des petits cubes de pierres de toutes les couleurs et textures pour en faire des tableaux uniques. La créativité de cette artiste hors-norme s’exprime depuis une dizaine d’années à travers un art très ancien, la mosaïque. Elle rêve maintenant de faire découvrir l’âme de la pierre au plus grand nombre dans sa boutique Le Canton des roches à Saint-Pascal.
Il existe 5300 types de roches au Québec. Marjolaine a donc l’embarras du choix, et si comme la majorité des mosaïstes elle utilise principalement le marbre et le granite, elle reste toujours à l’affût, et sélectionne partout autour d’elle non seulement des pierres naturelles comme l’ardoise, le quartz ou la sodalite — une pierre d’un bleu intense —, mais aussi les restes de carrelage ou la pâte de verre.
C’est après avoir fait un peu tous les métiers, d’auteure et interprète de chansons à superviseure de ferme urbaine, et de secrétaire à horticultrice, que Marjolaine Alain a découvert l’art — ou le métier, le débat reste ouvert — de la mosaïque. Après quelques essais et ateliers de formation, sa passion se développe. Elle acquiert tranchet et marteline, les outils essentiels à la mosaïque, et se consacre à la création. « Je me suis enfin donné le droit d’être une artiste », s’exclame-t-elle avec conviction.
Ses tableaux, en majorité des petits formats, évoquent des paysages maritimes ou terrestres, des créatures imaginaires, ou encore des images dictées par la texture même des matériaux. Elle n’hésite pas à concevoir des séries regroupant une trentaine de pièces différentes. La plus récente est la série Les maritimes, réalisée au cours de l’été 2024, dont elle a longuement travaillé la disposition, créant une impressionnante mosaïque de mosaïques.
Avoir pignon sur rue
Après dix ans à peaufiner son art, Marjolaine constate que les œuvres s’accumulent, et l’envie lui vient de partager sa passion avec le public. Elle repère un local en plein cœur de Saint-Pascal, voisin immédiat de l’Atelier du partage. Elle consacre le printemps à l’aménager à son goût. « Je ne m’attendais à rien, je voulais juste vivre cette aventure-là! » L’espace est dépouillé, et laisse toute la place à la magie des pierres.
Elle y a accueilli le public tout l’été, et l’engouement est évident. « J’ai vendu une cinquantaine de pièces cet été, dès ma première année et sans publicité! » dit-elle fièrement. Les mosaïstes ne sont pas nombreux, et elle est, semble-t-il, la seule à pratiquer cet art au Bas-Saint-Laurent, ce qui lui ouvre des perspectives intéressantes. « J’aimerais créer une exposition d’envergure provinciale, ici à Saint-Pascal, imagine Marjolaine, rassembler ici des amoureux de la mosaïque venus de partout! »
Pour nourrir cette ambition, elle a commencé à donner des ateliers, rêvant de créer une communauté qui ferait du Kamouraska un lieu de convergence pour cette forme d’art. « J’ai appris en taillant mes tesselles [les pierres qui composent la mosaïque] que quand les mains travaillent, l’esprit s’apaise », note Marjolaine. Cet apaisement, elle veut le partager avec sa communauté.
On peut visiter la galerie-atelier Le Canton des roches tous les jours sauf le dimanche, de 10 h à 16 h, au 641 de la rue Taché à Saint-Pascal.