Chaque année, à l’occasion de la Journée nationale des aides à domicile, Louise Fortin, directrice générale de l’organisme Kam-Aide, pense à celles qui œuvrent pour son organisme, et qui apportent présence, soutien et chaleur humaine à des gens pour qui ça fait toute la différence. Un travail qui s’effectue dans l’ombre et apporte beaucoup.
« C’est encore trop méconnu, mais tellement essentiel pour permettre à des personnes âgées ou en perte d’autonomie de vivre chez elles, en sécurité, et dans la dignité », dit-elle, la voix chargée de respect. Le 28 mai, cette reconnaissance s’est exprimée un peu plus fort. Officiellement désignée Journée nationale des aides à domicile, cette date est une rare occasion de mettre en lumière ces gens qui, jour après jour, se rendent chez des dizaines de citoyens vulnérables pour faire bien plus que du ménage ou de la cuisine.
« On parle de 456 clients desservis par Kam-Aide en 2024-2025, pour un total de plus de 45 200 heures de service. Ce n’est pas rien. Et ce qu’il faut comprendre, c’est que ces heures incluent aussi des soins d’hygiène personnelle, et du répit aux proches aidants. »
À Kam-Aide, une quarantaine d’aides à domicile sont en poste. C’est loin d’être suffisant. « On a une liste d’attente de 38 clients en ce moment. Les besoins augmentent, mais notre capacité de réponse reste limitée. Il nous faudrait plus de monde pour mieux couvrir notre territoire. »
Ces travailleurs n’entrent pas simplement dans une maison, elles entrent dans une vie. Elles y font le lavage, la lessive, les courses, la préparation des repas, le bain parfois, ou simplement s’assoient pour écouter. « Souvent, c’est la seule visite de la semaine pour nos bénéficiaires. On ne peut pas imaginer à quel point cette présence compte. Le travail qu’elles font a une portée humaine immense. »
Patience et empathie
Ce travail n’est pas fait pour tout le monde. « Il faut de l’empathie, de la patience, de l’écoute. Et savoir poser ses limites. Ce ne sont pas des intervenantes psychosociales, mais elles doivent tout de même créer un lien de confiance, tout en respectant la confidentialité et la réalité de la personne. »
Afin d’assurer un service sécuritaire et adapté, Kam-Aide offre plusieurs formations à son personnel. Entretien ménager sécuritaire à domicile, assistance à l’hygiène, stimulation cognitive, tout est mis en place pour que chaque aide puisse exercer son métier dans les meilleures conditions possibles.
« Ce n’est pas du gardiennage. Lorsqu’on parle de répit, ce sont des activités de stimulation adaptées à la condition de la personne. On va aller chercher ce qu’elle aime, ce qu’elle a été. Pour une dame atteinte d’un trouble neurocognitif qui aimait beaucoup cuisiner, on va faire des recettes simples avec elle. »
Cette humanité, on la ressent jusque dans la voix de Mme Fortin. Lorsqu’elle parle de son équipe, c’est avec une fierté non dissimulée. « Je dis toujours que ce sont des perles. Elles ne reçoivent pas souvent de projecteurs, mais elles changent des vies tous les jours. »
Kam-Aide lance un appel à ceux qui souhaiteraient se joindre à l’équipe. « Si vous avez envie d’aider, de faire une différence dans la vie des gens, venez nous voir. Vous serez bien formé, bien encadré. Et vous repartirez chaque jour avec le sentiment d’avoir fait quelque chose de profondément utile. » Pour joindre l’organisme, il suffit d’appeler au 418 856-5636, poste 6.
Julie Lévesque, complice du quotidien

Chaque jour, Julie Lévesque apporte plus qu’un coup de main. Elle apporte une présence. Depuis maintenant 12 ans, elle est aide à domicile pour Services Kam-Aide. Et pour plusieurs personnes âgées ou en perte d’autonomie du Kamouraska, elle est devenue une figure rassurante, une oreille attentive, un rayon de soleil.
« Lorsque j’arrive chez un client, je sais que je fais la différence », affirme-t-elle simplement. Et tout dans sa voix laisse entendre qu’elle dit vrai. « Ce que j’aime, c’est aider les gens. Travailler avec ces personnes, ça me rejoint profondément. Je sens que je suis utile, que je permets à quelqu’un de rester chez lui, dans son environnement, avec ses souvenirs. »
Pour Julie, chaque intervention est plus qu’une tâche à accomplir. C’est une rencontre, un moment partagé, un échange humain. « On s’attache à eux, ils s’attachent à nous. Avec le temps, on devient presque des membres de la famille. »
Un lundi matin typique commence tôt. « Souvent, ma cliente dort encore quand j’arrive. Je commence doucement : je prépare son déjeuner, je range un peu. Puis je vais la réveiller avec un “Bon matin, avez-vous bien dormi ?” Et tout part de là. On discute de sa fin de semaine, de ses enfants, de ses petits-enfants… »
Ces conversations, aussi simples soient-elles, comptent autant que les services offerts. Julie prépare les repas, aide au bain, fait l’épicerie, la lessive. Mais elle écoute aussi. Elle remarque quand quelque chose cloche. « Si je sens qu’elle n’a pas d’énergie, qu’elle mange moins, je le dis au bureau. On contacte la famille, parce que souvent, c’est nous qui sommes les premiers à voir un changement. On est là, sur le terrain. »
Pour certains, elle est la seule visite de la semaine. « J’ai une cliente qui m’a déjà dit qu’elle ne comprenait pas pourquoi les vacances existaient… C’est touchant, mais c’est aussi une lourde responsabilité. On ne veut pas les laisser seuls trop longtemps. »
À force de fréquenter les mêmes visages, d’entrer chaque semaine dans ces maisons pleines de vie et de fragilité, Julie a appris à tracer des frontières saines. « Au début, ce n’était pas facile. On s’attache, et parfois, on perd des clients. Ça m’a brisé le cœur les premières fois. Maintenant, je donne tout pendant que je suis là, mais en sortant, je passe à autre chose. Il faut se protéger aussi. »
Aucune routine
Son quotidien est fait de routines qui n’en sont jamais vraiment. Chaque personne est différente, chaque visite a sa couleur. « Ce n’est jamais pareil. Un jour, on parle de leurs petits-enfants, un autre, de ce qu’ils ont mangé ou de leur émission préférée. Ce n’est pas nécessairement intime, mais c’est chaleureux. On prend soin d’eux dans tout ce que ça signifie. »
La reconnaissance est parfois discrète, mais elle arrive toujours au bon moment. « Une fois, une cliente que je n’avais pas vue depuis longtemps m’a serrée fort en me disant : “Je t’aime”. Ça m’a bouleversée. C’est ce genre de moment qui nous rappelle pourquoi on fait ce travail. »
Et malgré les défis, malgré les départs et les horaires variables, Julie ne changerait rien. « C’est le plus beau métier du monde. C’est humain, vrai, concret. Si quelqu’un hésite à faire ce métier, je lui dirais : essaie. Tu ne trouveras pas plus gratifiant. »
Dans le monde discret mais essentiel des aides à domicile, Julie est un pilier. Et pour les dizaines de personnes qu’elle accompagne chaque semaine, elle est bien plus qu’une aide : elle est une présence rassurante, un repère, un cœur sur deux jambes.

