Il y a des Noëls qui restent gravés plus que d’autres. Pour Amélie Dionne, députée de Rivière-du-Loup–Témiscouata–Les Basques, ministre du Tourisme et ministre responsable de la région du Bas-Saint-Laurent et de la région de la Gaspésie–Îles-de-la-Madeleine, le plus beau souvenir n’est pas un cadeau ni un lieu, c’est un moment. Le premier Noël de sa fille Camille, aujourd’hui âgée de 23 ans.
« Je m’en souviendrai toujours. Camille n’avait même pas un an, mais elle ressentait déjà toute la féerie. L’excitation, les lumières, les voix, la chaleur humaine, elle sentait tout », dit Amélie, visiblement encore émue. Cette hypersensibilité, cette capacité à absorber l’ambiance, elle la reconnaît encore aujourd’hui chez sa fille. Au point que le sapin doit absolument être prêt avant son arrivée pour les Fêtes 2025. « Sinon, ce ne sera pas Noël. »
Amélie Dionne a grandi à Rivière-du-Loup dans une maison toujours pleine, vivante, avec ses deux frères et une sœur, au cœur de rassemblements où les membres des deux grandes familles se retrouvaient. « On allait à la messe à 19 h, on couchait les enfants, puis on les réveillait à 11 h pour déballer les cadeaux. Ensuite, la maison se transformait. On vidait la cuisine, les matantes dansaient, le rigodon partait avec l’accordéon, l’harmonica, les cuillères. Les grands-pères jouaient, les enfants riaient. »
Noël, chez les Dionne, c’était une fête qui débordait. Mais c’était aussi quelque chose de plus profond. Chez les parents d’Amélie, Noël représentait le don de soi, le partage. Son père Jean-Guy passait la guignolée. Très jeune, elle l’accompagnait, voyait la réalité de gens qui manquaient de tout. À l’église, elle faisait toujours la même demande : « Pourquoi certains enfants souffrent, pourquoi certains ne mangent pas à leur faim ? » Cette sensibilité, ce questionnement, elle les porte encore. « Je crois que c’est de là que m’est venu le désir de servir, dit-elle. Pas comme une révélation soudaine, mais comme une évidence qui s’installe, Noël après Noël. »
La marmite politique
Ce désir d’aider, de servir s’est concrétisé chez les Dionne par l’engagement politique. D’abord avec son grand-père, Prudent Dionne, qui était maire de Saint-Modeste. Son père, Jean-Guy Dionne, a été longtemps maire de la paroisse de Saint-Patrice, puis conseiller municipal à Rivière-du-Loup. Père et fille ont même siégé ensemble au conseil municipal, un fait rare, chargé de sens. Voir sa fille devenir ministre, c’était le rêve de Jean-Guy qui se réalisait. Un rêve qu’il avait lui-même mis de côté pour prioriser sa famille, mais qu’il voit aujourd’hui prendre forme à travers elle.
Son frère a aussi baigné dans la politique, et sa mère a toujours encouragé sa famille, même si la politique l’intéresse peu. À la maison, la politique a toujours fait partie des discussions, « même si on essayait parfois de la mettre de côté. Autour de la table, les idéologies différaient, l’intérêt n’était pas le même pour tous », se souvient-elle.
Pourtant, Noël ramène tout le monde au même endroit, à l’essentiel. Aujourd’hui encore, la tradition se poursuit. Les repas, les cousins, les discussions, mais aussi les feux à l’extérieur. « En plein hiver, on sort toujours autour du foyer, on se réchauffe, on jase. Ces moments-là comptent beaucoup pour moi. »
Et devinez en quoi sa fille Camille a décidé d’étudier. En sciences politiques. Suivra-t-elle la lignée ? « Je ne pousse pas. Je la regarde aller. C’est beau à voir. Elle aussi a développé le sens du partage. Elle a passé la guignolée avec son grand-père, achète des cadeaux pour des enfants dans le besoin. Elle a ses propres idées, sa propre façon de voir le monde. Différente de la mienne, mais enracinée dans les mêmes valeurs. »
Lorsqu’on demande à Amélie Dionne ce qu’on peut lui souhaiter pour Noël, la réponse est simple, presque désarmante : une journée en pyjama. Une vraie. Sans culpabilité. Et une activité pour décrocher, pour penser à autre chose que le travail. Parce que la politique, dit-elle, « ça nous habite. On ne peut pas décider que l’on travaille ou pas. C’est du 24 heures par jour, sept jours par semaine. » Des regrets ? Aucun. Elle est exactement là où elle a toujours rêvé d’être.
En ce qui a trait à ce qu’elle souhaite aux autres, Amélie Dionne revient à l’essentiel. « La santé, bien sûr, mais surtout de la capacité de s’arrêter, de prendre un pas de recul dans une période où tout va vite. Je souhaite aux gens de s’offrir du temps, sans culpabilité, de profiter de la neige, de passer une journée en pyjama, de jouer dehors, de savourer simplement la présence des proches », dit-elle, avec une pensée toute spéciale pour ceux qui sont seuls.
« Un appel, une visite, un sourire, un petit bonjour à un inconnu, ça peut tout changer ». Parce que dans le monde du fabuleux destin d’Amélie Dionne, personne ne devrait se sentir invisible à Noël. L’esprit des Fêtes se niche dans de petits gestes discrets, mais profondément forts, humains, et capables d’alléger une solitude.
Le plus beau Noël d’Amélie Dionne demeurera à jamais le premier de sa fille Camille, aujourd’hui âgée de 23 ans. Photo : Marc Larouche

