La députée de Québec solidaire, Manon Massé, a participé jeudi dernier, à La Pocatière, à une discussion sur le salaire minimum à 15 $. Pour Mme Massé et pour l’économiste Philippe Hurteau, il est clair qu’une telle mesure apporterait des bénéfices à une majorité de travailleurs québécois.
Manon Massé a rappelé que l’idée d’instaurer un salaire minimum à 15 $ est née aux États-Unis avant de traverser la frontière, il y a environ un an et demi, pour donner lieu à une importante mobilisation populaire. Québec solidaire a porté cette idée à l’Assemblée nationale, forçant, dit-elle, le premier ministre Couillard à une ouverture. Elle juge toutefois insuffisante la hausse progressive proposée par le gouvernement. Le salaire minimum sera augmenté de 50 cents à compter du 1er mai 2017, ce qui le portera à 11,25 $ l’heure.
Selon Mme Massé, les entreprises ont amélioré leurs gains en productivité au cours des dernières années, mais cette augmentation ne s’est pas répercutée sur les salaires. Philippe Hurteau de l’Institut de recherche et d’information socio-économiques (IRIS) argue dans le même sens. « On aurait les moyens d’établir le salaire minimum à 15 $ en redistribuant les gains de productivité de façon plus équitable », dit-il.
La directrice de Moisson Kamouraska, Mireille Lizotte, a démontré que des travailleurs dont le revenu est insuffisant ont recours à la banque alimentaire. Treize pour cent des demandes viennent de personnes qui ont un revenu d’emploi, dit-elle. Plus de 65 % des demandeurs sont des assistés sociaux.
Sortir de la pauvreté
Philippe Hurteau admet qu’une hausse marquée du salaire minimum ne règlerait pas tous les problèmes. Elle serait un outil de plus pour sortir de la pauvreté. Il ne croit pas qu’une augmentation du salaire minimum ferait fermer plusieurs PME. Pour celles qui seraient plus affectées, comme les dépanneurs de village, il propose que l’État mette en place un programme de transition.
M. Hurteau reconnaît qu’il y aurait des impacts à une hausse du salaire minimum à 15 $, estimant à 20 000 les pertes d’emplois potentiels. Il parle d’une hausse d’au plus 2,5 % des prix à la consommation. Or, selon lui, les avantages dépassent les inconvénients. Plus de gens vont améliorer leur sort, dit-il.
Cette rencontre était organisée par l’association de Québec solidaire de Côte-du-Sud.