Drôle de question, n’est-ce pas? Je vous entends déjà me dire : « Au père Noël! » Bien que la question semble anodine, elle comporte pourtant des enjeux énergétiques majeurs.
Selon les dernières estimations, le sol marin de ce territoire regorgerait de ressources en gaz, en pétrole et en minerai. L’intérêt à exploiter ces réserves est dû à la fonte des glaces qui permet un accès plus facile qu’auparavant.
Le Canada, la Russie, les États-Unis, le Danemark (via le Groenland), la Norvège, la Suède et l’Islande ont des prétentions sur ce territoire. À première vue, il semblerait que le Danemark, la Russie et le Canada possèdent une longueur d’avance. Mais, comment peut-on prétendre posséder le Pôle Nord?
Les règles à suivre
Le processus va au-delà de l’installation d’un drapeau dans le fond de l’océan Arctique, action que la Russie a menée en août 2007. L’ONU gère ce dossier délicat et elle est consciente des retombées économiques gigantesques pour le vainqueur de ce derby.
Pour trancher la fameuse question « À qui appartient le Pôle Nord? », l’ONU a mandaté un comité de scientifiques pour analyser les preuves fournies par les pays impliqués. En gros, cela signifie que chaque pays doit démontrer que le Pôle Nord est une extension géologique de son territoire. Concrètement, leur défi géologique est d’établir que la dorsale du Lomonossov, qui traverse le Pôle Nord, fait partie intégrante de leur territoire.
À quel moment cet organisme tranchera-t-il ce litige? Bonne question. Certains observateurs croient que l’analyse minutieuse du comité de l’ONU pourrait prendre jusqu’à 10 ans.
Qui, du Canada, de la Russie ou du Danemark remportera la mise? Difficile de le prédire, mais nous pouvons présumer qu’une conclusion misant sur une propriété conjointe serait la meilleure alternative. Chacun y trouverait son compte. Cela ouvrirait la porte à des partenariats économiques, lesquels pourraient inclure d’autres pays possédant la technologie pour forer à des profondeurs abyssales.
Enfin, ne soyons pas naïfs : l’ONU est soumise à de fortes pressions de la part, notamment, de la Russie et des États-Unis pour orienter une décision dans le sens de leurs intérêts. Jusqu’où le comité scientifique de l’ONU parviendra-t-il à demeurer impartial dans son rapport? Les membres de l’Assemblée générale de l’ONU eux-mêmes réussiront-ils à faire prévaloir l’intérêt scientifique avant les considérations politiques?
Collaboration spéciale : Éric Ouellet