France : une présidentielle remplie de surprises

Les Français se rendront aux urnes les dimanches 23 avril et 7 mai. En France, pour être élu président, un candidat doit obtenir une majorité absolue de l’électorat. Cela suppose un deuxième tour électoral où seuls les deux premiers candidats du premier tour se qualifient.

Pour la 1re fois, sous la Ve République, un président sortant ne sollicitera pas un nouveau mandat. Alors que nous attendions Nicolas Sarkozy, Alain Juppé ou Manuel Valls, nous avons droit à ces candidats :

Benoit Hamon, candidat du parti Socialiste : Gauche modérée

François Fillon, candidat du parti Les Républicains : Droite modérée

Marine Le Pen, candidate du Front National : Extrême-droite

Si on s’en tenait qu’à ces trois candidatures, nous aurions droit à une campagne traditionnelle. Mais, voilà, dans la foulée du Brexit et de l’élection de Donald Trump, la France surprend par ses choix.

D’abord, les partisans de gauche ne se sont pas tous ralliés derrière Benoit Hamon. Emmanuel Macron, un économiste social-démocrate et ministre de l’Économie dans le Gouvernement Valls, est en avance parmi les candidats de la Gauche. Benoit Hamon n’est pas au bout de ses peines, car Jean-Luc Mélenchon, un vieux routier de la politique française, se présente également et vient jouer les trouble-fête. Les chiffres indiquent que Benoit Hamon passerait au 2e tour advenant le retrait de la candidature de Mélenchon.

Du côté de la droite, le fleuve est loin d’être tranquille également. Alors qu’on aurait pu croire que le plus difficile avait été réalisé pour François Fillon, lors des primaires, en écartant Nicolas Sarkozy de son chemin, il tente de se dépêtrer depuis des semaines, mais visiblement sans grand succès, d’une histoire d’emplois fictifs octroyés à son épouse. Celle-ci aurait soutiré plus d’un million de dollars grâce à ces manigances.

Cette affaire plombe littéralement la campagne de François Fillon, tellement qu’il se retrouve troisième dans la course. Certains de ses partisans réclament même son retrait de la course présidentielle.

Quant à Marine Le Pen, du Front National, son principal défi est de faire passer son parti comme «normal» dans le paysage politique de la France. La victoire de Donald Trump lui a amené de l’eau au moulin. Elle a pu ainsi démontrer que l’establishment et la politique classique pouvaient être remis en cause. Mais, serait-ce suffisant pour devenir présidente?

Actuellement, tous les scénarios démontrent que Marine Le Pen se qualifierait pour le deuxième tour. Ces mêmes scénarios indiquent aussi sa défaite, peu importe son adversaire au deuxième tour; d’où l’importance pour les Socialistes ou la Droite modérée d’assurer leur présence à ce fameux deuxième tour si crucial : l’accès à la présidence française serait, en toute logique, à leur portée.

Mais, ces jours-ci, la logique a la vie dure en politique…

Les Français utilisent un néologisme lors de cette Présidentielle : le «Dégagisme». Ce terme signifie le rejet des politiciens qui ne nous plaisent plus. Nous avions entendu précédemment l’expression «Dégage» en direction de certains dirigeants politiques lors du Printemps arabe.

Collaboration spéciale : Éric Ouellet