Le porte-parole du Centre canadien de protection de l’enfance, M. René Morin, a rencontré les intervenants du milieu scolaire afin de leur présenter le programme Cyberaide.ca qui permet de lutter contre l’exploitation sexuelle des enfants sur Internet.
On sait tous que le phénomène existe, qu’il n’est pas réservé aux grandes villes et qu’il peut être dévastateur dans la vie d’un enfant, pouvant même conduire au suicide. Ce que plusieurs ignorent, c’est qu’il existe un endroit où il est possible de dénoncer de tels abus.
Selon M. Morin, 90 % des signalements concernent la pornographie juvénile. « On reçoit en moyenne 3 500 signalements par mois, 40 % seront transmis aux autorités policières », dit-il. Depuis la création du programme, il y a une quinzaine d’années, Cyberaide.ca a reçu plus de 220 000 signalements qui ont conduit à 550 arrestations, dont 65 au Québec. Pour le Québec seulement, ce sont 11 000 signalements qui ont été reçus depuis 2004.
M. Morin a révélé des chiffres inquiétants quant à l’âge des victimes. Quatre-vingts pour cent des images analysées concernaient des enfants de moins de 12 ans. De ce nombre, 63 % mettaient en scène des enfants de moins de huit ans. Les filles constituent 80 % des cas.
On serait porté à croire que ce sont uniquement des adultes qui produisent du matériel de pornographie juvénile. Selon M. Morin, de plus en plus d’adolescents munis de webcam ou de téléphones cellulaires produisent eux-mêmes et transmettent ce genre de matériel. L’enregistrement d’une vidéo se fait souvent de façon volontaire dans le cadre d’une relation amoureuse. C’est par vengeance, lors d’une rupture, qu’il sera rendu public.
Sextorsion
La sextorsion est une autre forme d’exploitation sexuelle. La victime est forcée de transmettre des images sexuelles via une webcam qui serviront ensuite à la faire chanter. Dans presque tous les cas, la publication d’images sexuelles sur les réseaux sociaux est accompagnée d’une véritable campagne de dénigrement et de cyberintimidation, ajoute M. Morin.
« C’est souvent en désespoir de cause que les victimes vont dénoncer », dit-il. Elles refusent de parler par crainte des ennuis ou des représailles, à cause de la honte qui les habite d’avoir créé le contenu ou encore parce qu’elles doutent qu’un adulte puisse les aider.
Bien sûr, explique René Morin, les choses seraient beaucoup plus simples si les jeunes refusaient de se livrer à des prises de photos ou à l’enregistrement de vidéos à caractère sexuel. C’est pourquoi il est important de les sensibiliser aux dangers que cela représente. Il faut rappeler aux jeunes, dit-il, qu’Internet est un lieu public qui nécessite la supervision des parents. « Tu ne laisserais pas ton enfant errer seul dans un centre d’achats, alors pourquoi le laisser seul sur Internet sans surveillance? », lance-t-il.
Bref, René Morin croit qu’il faut faire plus de prévention, de sensibilisation et prendre le temps de dialoguer avec son enfant. Quand des infractions sont commises, il faut dénoncer rapidement. Le jeune ne doit surtout pas se plier au chantage de l’agresseur, mais plutôt couper tout contact avec lui.