Une équipe du Département de génie civil et de génie des eaux de la Faculté des sciences et de génie de l’Université Laval étudie actuellement la formation du frasil au large de Rivière-Ouelle, cette glace qui a l’apparence de la « slush » à la surface sans en être tout à fait, mais qui complique grandement la vie des navires s’aventurant sur le fleuve Saint-Laurent durant la saison hivernale.
Le frasil est une glace en suspension qui peut s’apparenter à de la « slush », à la surface de l’eau. Toutefois, en profondeur, elle prend des airs un peu moins sympathiques. « La « slush » est non-collante, mais le frasil, lui, va coller aux surfaces et geler. C’est ce qui se passe sous l’eau, où il a l’effet d’une véritable tempête de neige », d’expliquer Brian Morse, professeur titulaire en Génie civil et génie des eaux à l’Université Laval et à la tête du Projet Frasil.
C’est pourquoi en saison hivernale les navires circulant sur le fleuve et dans le golfe du Saint-Laurent peuvent se retrouver avec leur prise d’eau bloquée par le frasil, celle-ci étant nécessaire pour refroidir les moteurs. En son absence, les bateaux sont contraints de les arrêter, partant ainsi à la dérive. « Avant 2015, c’est une situation qui pouvait se produire de 10 à 15 fois par année, puisqu’on a répertorié un total de 150 incidents sur 10 ans », de préciser M. Morse.
Transport Canada
Il y a près de trois ans, Transport Canada a sollicité une étude sur le frasil auprès du Département de génie civil et génie des eaux de la Faculté des sciences et de génie de l’Université Laval. Le but ultime est de mieux comprendre à quelle période il se forme et à quelle intensité.
La première partie de l’étude s’est déroulée en eau douce, près de Québec. À la recherche de données en eau saumâtre (mélange d’eau douce et salée), les chercheurs se sont tournés vers Rivière-Ouelle en décembre dernier, où une plateforme contenant des instruments de mesure a été larguée au large du quai. « On devrait récupérer la plateforme sous peu et débuter l’analyse des données récoltées », d’indiquer le professeur.
Ce qu’on sait…
Même si l’étude n’est toujours pas terminée, quelques constats s’en dégagent déjà. Par exemple, Brian Morse mentionne que la période la plus propice à la formation de frasil s’échelonne du début décembre à la fin du mois de février, avec une pointe plus intense durant la période des fêtes. L’absence de glace, qui agit comme isolant, créerait également un environnement propice au développement du frasil.
En ce qui concerne les conditions météorologiques qui peuvent favoriser l’apparition du frasil, celles-ci seraient plutôt aléatoires. « On ne peut pas dire que c’est lorsqu’il fait -15°C et que la marée est haute, par exemple, que ça se produit. C’est très différent d’une fois à l’autre. C’est pourquoi tous les navires doivent se protéger et ne pas tenir les conditions météorologiques pour acquises », concluait-il.