L’hôpital de La Pocatière fermera son bloc opératoire pendant trois semaines consécutives cet été, faute d’anesthésiste, une première qui inquiète vivement, plusieurs craignant que cela ne représente un précédent.
Selon plusieurs intervenants, c’est du jamais vu. Le bloc sera purement et simplement fermé en juillet, pendant trois semaines.
Pour un médecin de famille à l’urgence de La Pocatière depuis 11 ans, cela limite et complique les soins dans tout l’hôpital. « Si vous vous présentez à l’urgence avec une simple appendicite, vous devrez être transféré à Rivière-du-Loup. Si vous êtes enceinte et en contraction, vous devrez être redirigée vers Rivière-du-Loup, à moins d’un accouchement imminent. Si votre mère âgée doit recevoir des médicaments intraveineux et qu’elle est impossible à piquer, elle devra se rendre à Rivière-du-Loup pour qu’un anesthésiste lui installe une voie veineuse », résume la Dre Catherine Gélinas.
Pour elle, c’est « clairement une réduction de services pour nos patients et ce n’est pas banal. »
L’hôpital doit constamment se trouver un anesthésiste depuis un an, suite au départ à la retraite et au décès des deux spécialistes qui pratiquaient à La Pocatière. Rivière-du-Loup vient en renfort 16 semaines par année et des spécialistes dépanneurs viennent combler les autres périodes. Cet été, il a été décidé de fermer complètement le bloc pendant trois semaines en même temps que les vacances des chirurgiens. «La meilleure solution dans les circonstances», croit Lise Chabot du CISSS du Bas-Saint-Laurent. La période visée est celle du 16 juillet au 6 août.
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Le préfet de la MRC de Kamouraska, qui travaille actuellement sur un mémoire avec ses collègues, se dit très inquiet. « Ce serait une situation inacceptable. On peut comprendre une rupture de quelques jours, mais là. Le bloc opératoire, c’est un point important de tout le reste dans l’hôpital. On va interpeller de nouveau le CISSS et réitérer notre inquiétude », a dit Yvon Soucy, ajoutant que les élus préparaient un mémoire sur les services de santé au Kamouraska pour juin, pour ainsi avoir un argumentaire plus complet. Le maire de La Pocatière, Sylvain Hudon, se désole aussi de la situation. « Trois semaines, c’est inconcevable. Il y a le danger de créer un précédent », craint-il.
Le député de Côte-du-Sud Norbert Morin a dit souhaiter que ce qu’on allait vivre cet été à l’hôpital de La Pocatière ne se reproduise pas. «Je vais veiller au grain», a-t-il dit. «La décision a été évaluée par tous les professionnels», a ajouté le député, disant avoir confiance en l’administration régionale en santé et ajoutant qu’il manquait 38 anesthésistes au Québec.