Une équipe de Solutions Novika de La Pocatière ainsi que des entrepreneurs de Princeville ont conçu un évaporateur à sirop d’érable révolutionnaire qui ne produit aucune émission polluante.
L’Écovap a été développé ces dernières années à La Pocatière et se retrouve maintenant dans une centaine d’érablières. Il s’agit d’un appareil qui produit du sirop d’érable, mais qui récupère la vapeur tout en évitant d’utiliser du mazout léger, du bois ou des granules de bois.
« Il y a quelques années, M. Michel Bochud, professeur au Cégep et collaborateur chez Solutions Novika, un de ses anciens étudiants David Bédard et Gilles Lamontagne de l’entreprise Tôle Inox, se sont dit qu’il était inconcevable de perdre pratiquement toute l’énergie utilisée pour faire du sirop », raconte Jocelyn Caux, chargé de projet chez Solutions Novika.
En 2008, un premier prototype a été fabriqué, mais a plus ou moins bien fonctionné. En 2010, Jocelyn Caux de Solutions Novika intègre l’équipe. Le nouveau quatuor réussi alors à concevoir une nouvelle méthode simple et fonctionnelle, inspirée de celle déjà utilisée pour le dessalement de l’eau de mer.
Le concept est simple. L’Écovap est muni d’un dôme pour garder la vapeur. La vapeur est comprimée pour augmenter sa température. On la fait ensuite passer dans de petits tubes qui chauffent l’eau d’érable. Cette vapeur comprimée redevient de l’eau dans les tubes et ce changement de phase libère beaucoup d’énergie. À l’autre bout, cette eau chaude à 100 °C passe dans un échangeur de chaleur qui préchauffe l’eau d’érable froide qui arrive. « On consomme quinze fois moins d’énergie pour obtenir la même quantité de sirop. C’est phénoménal quand on y pense », dit Jocelyn Caux.
Actuellement, un évaporateur conventionnel qui fonctionne au mazout léger, aux granules ou au bois (pour les petites érablières) perd 75 % d’énergie par la vapeur, indique M. Caux. L’Écovap chauffe avec des éléments électriques seulement au démarrage. Une fois le système amorcé, la seule énergie requise sert à alimenter le moteur électrique du compresseur. « La machine est complètement automatisée. L’acériculteur peut s’en aller faire autre chose », ajoute M. Caux.
En 2012, la version commerciale a été brevetée puis testée par un acériculteur de Princeville, qui a accepté l’aventure.
« On s’est aussi aperçu que le fait que l’eau bouille en n’étant pas soumise à de très hautes températures diminue grandement le phénomène de caramélisation qui rend le sirop plus foncé. Ça fait un meilleur sirop plus prisé. »
Une centaine d’Écovap ont été vendus depuis. L’Écovap est d’ailleurs de plus en plus en demande. Il se vend environ le double du prix d’un conventionnel, soit entre 50 000 $ et 140 000 $, mais l’investissement est vite remboursé compte tenu des économies faites sur l’achat de mazout léger.