Publicité P.A. Michaud : réussir son transfert d’entreprise

Alors que beaucoup d’entrepreneurs en région se demandent encore à qui ils pourront céder les rênes de leur entreprise à l’heure de la retraite, le cas de Publicité P.A. Michaud de La Pocatière sort du lot. Propriété de Marc Éthier, cette entreprise spécialisée dans la vente d’articles promotionnels deviendra celle de Gabriel Hudon le 1er juillet prochain. Les deux entrepreneurs ont accepté de raconter comment ils ont relevé ce défi.

Marc Éthier est propriétaire de Publicité P.A. Michaud depuis 1989. Lui-même a été une relève à l’époque, puisque l’entreprise a été fondée en 1976 par M. Paul-Aimé Michaud de Rivière-Ouelle. Pendant près de 30 ans, Marc a travaillé au développement de l’entreprise en étant à l’affût des nouvelles tendances et technologies.

Dix ans après être devenu propriétaire, Marc assiste à une conférence sur le transfert d’entreprise. « Je me trouvais trop jeune à l’époque pour penser à ça. Mais le conférencier avait été clair, il disait qu’il fallait s’y prendre 10 ans à l’avance pour trouver notre relève. Mine de rien, ça vient toujours plus vite qu’on ne le pense. »

Trouver la relève

Dans le cas de Marc, il croyait que son fils Pier-Olivier prendrait la relève, mais il n’était pas intéressé. La recherche de la perle rare a alors commencé. « Ma conjointe Lynda m’a sorti le nom de Gabriel. Elle savait qu’il était à la recherche d’un nouveau défi et qu’il voulait être propriétaire de son entreprise. J’en ai parlé avec mon comptable, il a fait les premières approches à l’été 2015 et Gabriel s’est joint à l’équipe au début de l’automne », racontait-il.

Mais même si les intentions étaient claires dès le début et que l’embauche de Gabriel était faite dans l’optique qu’il prenne la relève de l’entreprise, Marc et lui se sont donné une année d’essai avant d’entamer les démarches de transfert. « C’était un nouveau domaine pour moi, donc je voulais m’assurer que je me plaisais en sein de l’entreprise et que j’en comprenais bien les rouages », d’indiquer Gabriel.

Long processus

Après un an d’essai concluant, Gabriel et Marc se sont entendus pour entamer les démarches de transfert. En cours de route, ils ont même été invités à témoigner de leur expérience lors du colloque Transfert d’entreprise tenu le 16 mars dernier à Saint-Denis-De La Bouteillerie. « C’est un long processus. Je ne me suis jamais découragé, mais je dois avouer que j’ai été déçu de l’absence de subventions pour encourager la relève entrepreneuriale ou pour inciter les jeunes entrepreneurs à se lancer », d’expliquer Gabriel.

Marc Éthier abonde dans le même sens. « Le gouvernement est conscient qu’on manque de relève dans les entreprises, mais il n’y a pas d’incitatifs pour les jeunes. Ce n’était pas comme ça à mon époque. Aujourd’hui, il faut qu’un jeune soit vraiment déterminé pour se partir en affaires. C’est pourquoi je suis impressionné par le cheminement de Gabriel », ajoutait-il.

Le gouvernement est conscient qu’on manque de relève dans les entreprises, mais il n’y a pas d’incitatifs pour les jeunes. Ce n’était pas comme ça à mon époque. Aujourd’hui, il faut qu’un jeune soit vraiment déterminé pour se partir en affaires. C’est pourquoi je suis impressionné par le cheminement de Gabriel.

Même si Gabriel deviendra propriétaire de Publicité P.A. Michaud le 1er juillet prochain, Marc Éthier continuera de rester à l’emploi de l’entreprise pour encore deux ans.

Ailleurs dans la région

Ailleurs dans Kamouraska-L’Islet, d’autres entreprises n’arrivent toujours pas à dénicher de relève à qui passer les rênes. C’est pourquoi les organismes de développement économique ont fait de la relève entrepreneuriale une priorité et qu’ils sensibilisent les propriétaires désireux de céder leur entreprise de le planifier quelques années à l’avance.

À la SADC du Kamouraska, on s’intéresse à la relève entrepreneuriale depuis plusieurs années. En 2005, une enquête auprès de leurs entreprises clients avait démontré que 37 % des entrepreneurs sondés prévoyaient prendre leur retraite dans les deux ans et que 83 % d’entre eux n’avaient pas préparé de relève. «C’était criant de se pencher là-dessus. On avait donc fait un document d’accompagnement sur le sujet», d’indiquer la directrice générale de la SADC, Mme Brigitte Pouliot.

Ce même document a été mis à jour en 2010. Récemment, un «comité relève» auquel prend part la SADC a été formé dans la région et doit se doter d’un plan d’action concerté sur le territoire pour se pencher de nouveau sur la question.

Conférences

À la Chambre de commerce Kamouraska-L’Islet, la relève entrepreneuriale est également une priorité. En mars dernier, l’organisation tenait conjointement avec Desjardins un colloque intitulé «Transfert d’entreprise et entrepreneuriat.» Gabriel Hudon et Marc Éthier, alors en plein processus de transfert d’entreprise pour Publicité P.A. Michaud, avaient été invités à venir témoigner de leur expérience.

Seulement dans Kamouraska-L’Islet, il y a entre 20 et 30 transferts d’entreprises qui sont réalisés par année. Les gens se demandent comment procéder, par où commencer et on se doit de les informer.

Devant le succès de cet événement, le désir d’en tenir un semblable de nouveau est palpable. «Seulement dans Kamouraska-L’Islet, il y a entre 20 et 30 transferts d’entreprises qui sont réalisés par année. Les gens se demandent comment procéder, par où commencer et on se doit de les informer», de mentionner le directeur général de la Chambre, M. Luc Forgues.

S’y prendre à l’avance

Que ce soit à la SADC ou à la Chambre de commerce, le mot d’ordre aux entrepreneurs reste le même : s’y prendre à l’avance. Ce qu’on suggère : de 5 à 10 ans. «Le transfert comme tel, ce n’est pas nécessairement ce qui est le plus long. C’est de planifier tout ça, s’y préparer», de préciser Brigitte Pouliot.

«L’après-transfert» est aussi une donnée à prendre en considération. «On voit de plus de cas où le propriétaire reste dans l’entreprise quelques années comme mentor. C’est souvent une bonne chose, mais ça aussi ça doit être planifié», concluait-elle.