Il y a une quinzaine d’années, j’ai eu la chance de rencontrer Mario Tremblay, un guide de chasse à l’orignal de la région de Québec. Celui-ci m’avait alors enseigné comment imiter un appel qui lui procurait énormément de succès, le Maheu.
La séance de formation s’était déroulée en forêt et j’avais pu pratiquer en compagnie de mon mentor. Les sons reproduits ne ressemblaient en rien aux appels que je pratiquais à l’époque et je peux vous confirmer que j’étais assez sceptique. Lors de la saison qui a suivi cette formation, je n’ai pas osé essayer ce fameux call tellement je n’en n’avais pas confiance. Ce n’est que lors de la saison suivante que je me suis essayé. Je me rappelle très bien de ce moment mémorable. Ça devait faire une bonne heure que je lançais des plaintes langoureuses sans succès quand je me suis dit que je n’avais rien à perdre d’essayer le Maheu. Je m’exécutai alors et mon appel retentit partout dans la forêt et à ma grande surprise un mâle me répondit dès mon premier essai. Il était tellement excité qu’il ne cessait de me répondre sans que je n’aie à faire quoi que ce soit.
Ce genre de scène s’est reproduit à chaque année à plusieurs fois depuis ce temps et j’ai baptisé cet appel le call magique. Je me rappellerai toujours d’un autre fameux matin durant lequel le call magique a opéré. Mon ami Patrice m’avait demandé mon opinion sur son call. Je l’avais donc laissé s’exécuter pendant une vingtaine de minutes. Ses appels étaient parfaits mais aucun mâle ne se manifestait. Je lui avais alors demandé si je pouvais essayer à mon tour. Aussi incroyable que cela puisse paraître, en moins de 5 minutes d’appels en utilisant le Maheu, 5 mâles différents m’avaient répondu et 45 minutes après, nous avions récolté l’un de ceux-ci à moins de 30 mètres à l’arbalète. C’était incroyable!
Avec les années, j’ai cherché à comprendre pourquoi cet appel donnait d’aussi bons résultats. J’ai alors utilisé un décibelmètre pour comparer le Maheu aux autres appels les plus fréquemment utilisés. J’en suis venu à la conclusion que le son du Maheu portait quasi 50 % plus loin que tout autre appel utilisé par les chasseurs. C’est donc très logique qu’il génère plus de réponses mais en plus le son reproduit capte l’attention de n’importe quel mâle qui l’entend. Il faut le vivre pour comprendre.
Le Maheu est très facile à reproduire et il n’y a pas un chasseur qui l’exécute de la même façon. L’important c’est de mettre du trémolo dans sa voix et d’être nasillard le plus possible. De plus lorsqu’on l’exécute, il faut prononcer les deux syllabes qui composent le nom de cet appel avec une durée qui doit varier entre 3 et 5 secondes. Des fois j’insiste sur le Ma et d’autres fois sur le Heu. Je le répète deux ou trois fois généralement avant de prendre une pause et d’écouter. Pour vous donner une idée comment le reproduire, je vous suggère de visionner la vidéo ci-contre que j’avais produite il y a quelques années en compagnie du guide Mario Tremblay. Bonne chasse!