Conflit de travail chez les paramédics : les ambulances de Saint-Jean-Port-Joli peinturées

Devant l’impasse des négociations dans le conflit opposant les ambulanciers syndiqués du Québec au gouvernement provincial, des paramédics de Saint-Jean-Port-Joli ont décidé de peindre les ambulances qu’ils utilisent au quotidien. Ils espèrent ainsi sensibiliser la population à leur réalité et leurs revendications.

Rattachés au syndicat de la Fraternité des travailleurs et travailleuses du préhospitalier du Québec (FTPQ), les paramédics de Saint-Jean-Port-Joli sont impatients de voir le conflit les opposant au gouvernement provincial se conclure.

« La convention est échue depuis mars 2015. Au point où on en est, quand on va signer la prochaine convention collective, on va quasiment recommencer à négocier pour la suivante peu de temps après. C’est aberrant », de s’exclamer Stéphane Lévesque, paramédic depuis 13 ans à Saint-Jean-Port-Joli et président local du FTPQ.

7/14

Si plusieurs points achoppent actuellement dans les négociations, comme les augmentations salariales et la baisse de l’âge de la retraite sans pénalité, c’est les horaires de faction, communément appelée 7/14, qui semblent être le nœud du conflit.

Ce type d’horaire signifie que les paramédics doivent être disponibles 24 h par jour, durant sept jours, à partir de leur domicile qui doit être situé à un maximum de 5 min de la caserne. Au-delà de la qualité de vie des ambulanciers soumis à ce type d’horaire qui s’en trouve affectée, les paramédics de Saint-Jean-Port-Joli se préoccupent beaucoup des délais d’intervention que ce mode de fonctionnement apporte.

La nuit, il y a seulement l’équipe 7/14 qui travaille, donc si on fait un transport hospitalier, c’est les services ambulanciers voisins qui doivent intervenir sur notre territoire.

C’est pourquoi, selon Stéphane Lévesque, la solution passe par l’instauration d’un horaire à l’heure, chose qui se voit que le jour à Saint-Jean-Port-Joli. « Ici, il y a deux ambulances. Une est réservée pour le quart de travail à l’heure de 8 h à 16 h et l’autre pour le 7/14 », de préciser le président local de la FTPQ.

Comme il le mentionne, avec l’instauration d’un quart de travail à l’heure la nuit, la région éviterait donc des découvertures lors d’un transport hospitalier. « La nuit, il y a seulement l’équipe 7/14 qui travaille, donc si on fait un transport hospitalier, c’est les services ambulanciers voisins qui doivent intervenir sur notre territoire », d’ajouter Stéphane Lévesque.

Camions peinturés

Devant le conflit qui traîne en longueur et le peu de moyens de revendications à leur disposition, les ambulanciers de Saint-Jean-Port-Joli ont décidé de peindre les ambulances qu’ils conduisent pour sensibiliser le public à leur réalité. « On n’aime pas ça se promener comme ça, c’est sûr qu’on préfère quand le véhicule est propre. Mais comme on est un service essentiel, on est limité dans les moyens qu’on peut utiliser pour faire connaître nos revendications. »

Ils espèrent maintenant que leur conflit, qui ne retient plus l’attention médiatique depuis quelque temps, puisse se conclure bientôt. « Si la population comprend bien les enjeux, elle pourra faire pression auprès du gouvernement avec nous. C’est le seul moyen pour que ça puisse se régler rapidement », mentionnait-il.

Des avancées pour les employés du Groupe Radisson?

Alors que le conflit s’éternise entre les paramédics du Québec et le gouvernement provincial, M. Laurent Hamel, directeur général du Groupe Radisson, qui est notamment propriétaire des ambulances de Saint-Jean-Port-Joli, croit que son entreprise a effectué des avancées importantes ces dernières semaines pour améliorer le travail des ambulanciers.

Présent dans plusieurs régions du Québec, dont le Bas-Saint-Laurent et Chaudière-Appalaches, le Groupe Radisson opère plus d’une vingtaine de casernes ambulancières en province. Comme toutes les autres entreprises ambulancières du Québec, celle-ci fonctionne sous le principe d’un PPP (partenariat-public-privé). « Les ambulances n’appartiennent pas à l’état, mais la définition du service que nous offrons sur les territoires où nous sommes présents est définie par le contrat de service qui nous lie aux établissements de santé régionaux (CISSS) », d’indiquer M. Hamel.

On fait des représentations pour exprimer les besoins d’un territoire, mais c’est eux qui ont le dernier mot.

Cela signifie que la grille-horaire et les budgets de chacune des entreprises ambulancières sont établis par les Centres intégrés de santé et de services sociaux (CISSS) régionaux et le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS). « On fait des représentations pour exprimer les besoins d’un territoire, mais c’est eux qui ont le dernier mot », d’ajouter le directeur général.

Seule à négocier

Depuis juin 2016, la Corporation des services ambulanciers du Québec (CSAQ) qui représente la grande majorité des entreprises ambulancières du Québec, dont le Groupe Radisson, est maintenant seule à la table des négociations, après le retrait du ministre de la Santé et des Services sociaux, Gaétan Barrette. Selon Laurent Hamel, elle attendrait la marge de manœuvre gouvernementale nécessaire pour négocier avec les paramédics.

Cependant, il avoue que certaines avancées auraient tout de même été faites ces dernières semaines, en coulisse, comme la découverture du territoire lors des transports hospitaliers. Selon lui, le Groupe Radisson serait en train d’ajuster le tir avec des CISSS pour mieux contrôler la fatigue des ambulanciers et faire l’ajout de véhicule pour pallier aux découvertures de certaines régions. « C’est principalement le cas en Gaspésie et au Bas-Saint-Laurent », a-t-il mentionné, sans toutefois faire mention des employés de Saint-Jean-Port-Joli.