L’artiste kamouraskoise Émilie Rondeau a reçu sa première commande provenant directement et sans obligation d’une entreprise privée, soit le producteur et transformateur de porc nord-américain duBreton, qui lui a demandé de créer une œuvre à partir des bâtons électriques qui servaient autrefois à manipuler les animaux.
L’entreprise de Rivière-du-Loup, axée sur le bien-être animal et le porc biologique, souhaitait qu’on lui crée une œuvre qui agit comme rappel de ce qui a déjà été fait. Depuis des années, duBreton n’emploie plus cette façon de faire avec les animaux.
« C’est parti d’une idée, lorsque mon père Lucien qui a la quincaillerie en Beauce et qui fournit les fermes m’a dit qu’il s’était ramassé avec un inventaire de bâtons électriques et qu’il était pris avec », raconte le PDG, Vincent Breton. Monsieur Lucien Breton, est président de Breton Tradition 1944. La quincaillerie a été le premier jalon, en 1944, de ce qu’est devenue l’entreprise aujourd’hui. Il est le président de l’entreprise qui compte, dans ses 5 divisions incluant la quincaillerie, 1 200 employés.
Sa première idée était simplement d’acheter tous les bâtons et « de rouler dessus avec un camion », raconte, en riant, M. Breton.
L’équipe de marketing de duBreton a plutôt proposé d’en faire une œuvre. Le mandat a été confié à Émilie Rondeau.
En prenant le tournant bio et du bien-être animal, duBreton offre trois fois plus d’espace et un accès extérieur à ses porcs. Les camions sont adaptés pour proposer des planchers hydrauliques et les animaux n’ont jamais à monter une pente abrupte. On n’utilise évidemment plus les bâtons électriques, qui pourtant sont encore permis et utilisés au Québec, de préciser M. Breton. Les animaux n’ingèrent pas d’OGM et d’antibiotiques. Même que les employés de l’entreprise signent un engagement en ce sens et les porcs, dans le cadre d’un projet de recherche, vivent avec de la musique autour d’eux.
À propos de la musique, il y en a actuellement dans deux fermes sur les 300 à travers le Québec et l’Ontario. La musique pourrait être une bonne façon de prévenir le stress chez les porcs. S’ils s’habituent pendant leur vie à la ferme à entendre plusieurs bruits différents, ils seront moins stressés pendant le transport, la viande en sera meilleure.
La création de cette sculpture marque d’ailleurs la deuxième année de l’engagement, pris en septembre 2015, de produire 300 000 porcs sans cages supplémentaires d’ici à la fin de 2018. À ce jour, l’entreprise en est à plus de 165 000.
Pour ce qui est de l’œuvre, Émilie Rondeau l’a appelée Constellation. « On voit une route dorée qui conduit l’animal vers un pré de verdure et une constellation d’étoiles faites à partir des bâtons. L’outil banni se transforme en objet de poésie », a dit l’artiste, saluant l’initiative d’une entreprise privée de faire un tel geste.