Le ministre de la Famille, M. Luc Fortin, recule sur la diminution du ratio d’enfants dans les garderies privées, dans le cadre du projet de loi 143. Cette mesure, qui soulevait l’ire des propriétaires de garderies privées un peu partout au Québec, aurait obligé ces dernières à diminuer le nombre d’enfants à leur charge, incluant les leurs, afin qu’elles évitent de devoir s’accréditer.
Le projet de loi 143 vise à améliorer la qualité éducative et à favoriser le développement harmonieux des services de garde éducatifs à l’enfance. Pour ce faire, les garderies familiales privées devront désormais se soumettre à des vérifications qui doivent évaluer la sécurité de leur milieu.
De plus, la première mouture du projet de loi prévoyait de baisser le ratio d’enfants de six à quatre, incluant ceux de la propriétaire, si cette dernière désirait demeurer « non accréditée. » Suite à des manifestations devant le bureau du ministre de la Famille, Luc Fortin, la fin de semaine dernière à Sherbrooke, ce dernier a proposé le 15 novembre en commission parlementaire des amendements au projet de loi. Plutôt que de diminuer le ratio à quatre enfants, incluant ceux de la propriétaire, celui-ci demeurera à six, mais prendra en compte les enfants de la propriétaire.
Pertes financières
Pour les opposantes à ce projet de loi, ce compromis à des allures de victoire, étant donné que plusieurs propriétaires de garderies privées allégeaient une diminution importante de leur revenu si le gouvernement était allé de l’avant avec sa mesure initiale de quatre enfants.
Propriétaire d’une garderie privée à La Pocatière depuis plus d’un an, Mme Valéry Gagnon était de celles qui s’opposaient à cette nouvelle mesure. Néanmoins, elle avouait avoir déjà pris des mesures pour faire face à la musique et rester « privée ». « Quand j’ai été informée du projet de loi, j’ai refusé des enfants que j’ai redirigés vers d’autres garderies. Autrement, j’aurais été forcée de faire un choix sur les enfants que j’aurais voulu garder à partir du moment que le projet de loi aurait été adopté », indiquait-elle.
CPE
Du côté des centres de la petite enfance (CPE) de la région, on ne s’inquiétait pas outre mesure de cette baisse de ratio que le ministère visait initialement dans son projet de loi. Si certaines propriétaires de garderies privées mentionnaient que cela aurait causé une pression sur les listes d’attente dans le réseau public, le directeur général du CPE La Farandole à La Pocatière, M. Étienne Bouchard, qualifiait la chose de « beau problème. » « Si les nouveaux ratios amènent un déplacement des enfants vers le réseau public, nous allons répondre à la demande, quitte à demander des places additionnelles au gouvernement », indiquait-il.
Il ajoutait également qu’il voyait ce projet de loi d’un œil très positif, puisqu’il faisait du respect des droits de l’enfant, de son éducation et de sa sécurité une priorité. « Il vient également centraliser la liste d’attente à un seul endroit, ce qui fait en sorte que les parents n’auront plus à s’inscrire sur la liste de plusieurs services de garde en même temps, dans l’attente d’obtenir une place pour leurs enfants », concluait-il.