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Confidences d’une enseignante

Alors que la Semaine des enseignants battait son plein du 4 au 10 février, Le Placoteux a rencontré une enseignante de troisième année à l’école primaire Hudon-Ferland de Saint-Alexandre-de-Kamouraska, Mme Stéfanie Pelletier. Elle parle à cœur ouvert de sa profession, des défis de son métier et de ce qui la motive à aller travailler le matin. Depuis 2006, elle a enseigné dans une demi-douzaine d’écoles de la Commission scolaire de Kamouraska-Rivière-du-Loup.

Placoteux : Faut-il avoir « la vocation » pour enseigner?

S.P : J’étais au primaire et je regardais mes enseignantes avec les yeux qui brillaient. J’ai toujours voulu être enseignante et je ne me suis jamais posé de questions. Mais je ne crois pas qu’il faut avoir la « vocation ». Je le vois plus comme une profession. On peut avoir la prédestination parce qu’on aime les enfants, parce qu’on veut leur transmettre quelque chose, parce qu’on veut contribuer à la société, mais je pense qu’une personne qui n’a pas nécessairement cette prédestination peut être une aussi bonne enseignante, parce que ça prend d’abord et avant tout une personne bien formée et compétente.

Placoteux : Après 12 ans de ce métier, vos attentes ont-elles été comblées?

S.P : Quand on commence, il y a tout le temps une désillusion. C’est rare les gens qui disent que c’était exactement ce à quoi ils s’attendaient après leurs BAC. C’est d’abord la charge de travail qui est beaucoup plus grosse que ce qu’on pouvait imaginer. Aussi, pour tout ce qui est « à côté ». À 3 h 15, on est loin d’avoir fini notre journée! Heureusement qu’il y a une centaine d’heures de stage pendant notre formation.

Souvent, on commence notre carrière avec des groupes plus difficiles, c’est souvent là qu’on se rend compte de ce que représentent les troubles de comportement et les troubles d’apprentissage. Les premières années sont les plus difficiles, ce n’est pas pour rien qu’un enseignant sur cinq quitte dans les premières années. Je me suis moi-même questionnée. Mais c’était tellement un rêve ancré en moi que je ne me voyais pas prendre un autre chemin. Je n’ai jamais été malheureuse non plus. Se remettre en question est sain. La précarité au travail est aussi très longue. J’ai attendu huit ans avant d’avoir un poste. La suppléance, ce n’est pas facile non plus quand tu n’as pas de contrat et ça prend un second emploi. J’ai été serveuse au Jardin de Lotus à Rivière-du-Loup durant mes premières années.

Placoteux : Qu’est-ce qui vous donne le goût d’aller travailler tous les matins?

S.P : Les enfants, c’est sûr. Le sentiment et la fierté quand on voit un enfant qui comprend quelque chose qu’il ne comprenait pas. Il y a aussi les collègues et l’équipe-école, où l’harmonie et l’entraide règnent.

Aussi, ça fait toujours plaisir un enfant qui revient me voir plus vieux et qui me dit que j’ai été une prof qui l’a marquée dans son parcours.

Placoteux : Quels sont les défis en éducation ces années-ci?

S.P : C’est sûr qu’il y a des moments plus difficiles, entre autres à cause du manque de ressources. Ç’a toujours été difficile depuis que je suis enseignante. J’ai la chance d’avoir un petit groupe, ils sont 19 cette année, c’est un cadeau. C’est facilitant et la direction a poussé fort pour faire deux groupes.

Il y a aussi l’enfant-roi et le phénomène du parent-roi. C’est une réalité difficile à gérer. Quand on parle de désillusion après l’université, on n’y pense pas à cette communication avec les parents qui peut parfois être difficile. Souvent, ça part d’un malentendu. Je le prends de moins en moins personnel. En début de carrière, ç’a été plus difficile.

Placoteux : Est-ce un métier valorisant?

C’est valorisant d’enseigner. Les parents nous laissent ce qu’ils ont de plus précieux au monde. Je crois profondément en l’importance de l’éducation dans l’évolution d’une société. C’est la base pour moi. C’est valorisant d’être un pilier et de les aider à fonder notre société.