L’opinion d’un sociétaire naïf

Mardi dernier, je me suis rendu à une caisse du peuple voisine pour y confier mes modestes économies.
C’est que « Ma Caisse » vient de me faire faux bond… « Mon » directeur vient de déclarer à Radio-Canada que hors La Pocatière, il n’y avait plus rien, plus de dépanneur ni commerces… le désert économique!

Pourtant, il y a peu d’années, des concitoyens administrateurs bénévoles de Saint-Roch s’étaient fait convaincre que, malgré notre bonne santé financière, il serait salutaire et garanti d’avenir que de joindre la Caisse de la métropole régionale pocatoise. Il est bien connu que le modèle coopératif et mutualiste permet mieux que tout autre de réduire les inégalités et d’assurer une économie locale inclusive et durable. C’est ce qu’ils ont cru.

Pourtant, au fil du temps, notre population demeurant stable et ses besoins supérieurs, l’entier territoire des Aulnaies s’est vu déposséder par étapes de tout service de proximité Desjardins. Sans concurrence, ce plan d’action de la Fédération est d’ailleurs connu et voté depuis longtemps invoquant les habitudes du bon peuple plutôt que la rentabilité incorporée, vocabulaire de marketing bancaire aidant.

Quelle solution communautaire est-elle suggérée au sociétaire client, individu, famille, producteur agricole, site touristique, auberge, restaurant, camping, boulangerie ou commerce? Trente kilomètres de voiture chaque fois qu’il aura besoin d’une transaction qui nécessite de véritables sous ou le service d’un professionnel, soit plus de 2 000 km par anné! Investissement vert, diront les relationnistes de Desjardins.

« Qui n’a pas son ordinateur? », nous ont dit les sept fonctionnaires qui furent délégués, incapables de faire comprendre que leur respect du territoire était encore tout aussi primordial que la masse de CLIENTS ciblés : 300 km2 sans présence matérielle dans le chapelet des seuls quatre bourgs environnants de La Pocatière. Desjardins aurait-il une norme cachée tels Subway ou McDo : organiser le désert pour décourager le rival?

Les exemples de structure communautaire performante tenant compte de l’amplitude de l’espace à desservir sont très nombreux au Québec. Le Bureau du directeur des élections respecte la consistance du tissu géographique des comtés. L’organisation des services d’incendie le fait tout autant. Structure malléable et niveaux de service adapté sont aujourd’hui les clefs du succès commercial. La messe se dit tout bien dans la biblio municipale. Un guichet aussi y performerait.

Nous n’avons pas choisi ce désert coopératif absurde!

Les solutions avancées par les maires affligés (moins de ristournes ou moins de cadeaux) ne peuvent tenir sans que les efforts demandés ne parviennent de l’ensemble de la Grande-Anse, du territoire « dévasté et vidé » comme de la vivante métropole où trône le Centre des Affaires, bâti à grands frais, au cœur du Village Relais salvateur.

Un sociétaire encore convaincu, Alain Paradis, Saint-Roch-des-Aulnaies