Monsieur Cormier,
Au début du mois de janvier, les administrateurs de la succursale Desjardins de l’Anse de La Pocatière ont annoncé la fermeture du point de service et le retrait du guichet automatique qui desservent, entre autres, la population de Saint-Roch-des-Aulnaies et de Sainte-Louise.
Lors de la rencontre dans mon village, le directeur de la caisse nous a dit que les services aux petits épargnants n’étaient pas rentables pour Desjardins. Le président, lui, a affirmé que lorsqu’un village n’a plus de pharmacie, d’épicerie ou de quincaillerie, c’est normal que la caisse parte. À ces propos, plusieurs membres de Desjardins ont grincé des dents. Certes, tous s’entendaient pour remettre en question le service au comptoir lorsque les tendances en matière de transactions bancaires changent.
Un outil de développement économique
Or, dans mon village, le guichet automatique n’est pas autant un service aux particuliers qu’un outil de développement économique. En effet, les commerces de tourisme reçoivent souvent une majorité de paiements en comptant. Lorsqu’il s’agit d’un OBNL, il n’est même pas question d’avoir de terminal pour cartes tellement les frais sont élevés. Du coup, les entreprises doivent faire des dépôts. Les touristes doivent payer comptant. La municipalité doit, donc, avoir un guichet automatique.
En faisant le choix de retirer le guichet de Saint-Roch-des-Aulnaies, Monsieur Cormier, la succursale Desjardins de l’Anse de La Pocatière choisit de compliquer la vie aux entreprises qui doivent faire plusieurs kilomètres pour de simples dépôts, et elle crée des fuites commerciales, puisque les touristes -dont ceux qui séjournent dans la demi-douzaine de nos gîtes- qui ne peuvent avoir de comptant n’iront pas dans les commerces sous forme d’OBNL. En outre, Desjardins envoie le message que si les municipalités de Saint-Roch et Sainte-Louise ne peuvent avoir un guichet automatique, investir y est quelque chose de hasardeux.
L’image de Desjardins
Les maires de nos villages ont interpellé récemment les dirigeants de la succursale de l’Anse de La Pocatière et ont proposé que nous, citoyens, fassions des collectes de fonds pour soutenir cette succursale dans le maintien d’un guichet. Ne trouvez-vous pas gênant qu’un mouvement qui encaisse plus de 1.5 milliard de dollars annuellement doive être soutenu par des opérations bénévoles? Qu’une caisse agisse comme si elle gérait la décroissance de son organisation plutôt que d’agir de façon proactive en proposant des partenariats avec les acteurs socioéconomiques du milieu? La nouvelle s’est retrouvée dans le Journal de Montréal et de Québec. Le Devoir, quelques jours plus tôt, mentionnait l’abandon du Kamouraska par Desjardins sous la plume du chroniqueur Jean-François Nadeau.
Croire aux régions
Récemment, vous avez été porte-parole de la Semaine de l’emploi et de la vie en région. Sur votre page Facebook, vous avez invité les jeunes à s’installer en région pour y stimuler la vitalité et le dynamisme. Ce discours est à l’extrême opposé des choix que font les gens de la succursale Desjardins de l’Anse de La Pocatière en évacuant les guichets. Monsieur Cormier, nos collectivités et moi-même vous demandons d’avoir l’audace d’être cohérent entre ce que vous dites et ce que votre mouvement fait: renversez la décision de la succursale Desjardins de l’Anse de La Pocatière et montrez votre confiance en nos régions en disposant un guichet automatique neuf à Saint-Roch-des-Aulnaies.
De nombreux jeunes qui arrivent sur les territoires de Kamouraska et de L’Islet veulent investir dans le développement d’entreprises alternatives, innovantes et modernes; c’est au Mouvement Desjardins de déployer des mesures concrètes pour montrer qu’il croit en eux.
Nicolas Paquin, écrivain et résident de Saint-Roch-des-Aulnaies