Kamouraska, là où résident les juges

Roger Plante et André Gaudreau, CHGB, 1952, Archives de la Côte-du-Sud.

Le village de Kamouraska a été choisi en 1849 pour instaurer l’un des deux districts judiciaires de la Côte-du-Sud, l’autre ayant été formé en 1857 à Saint-Thomas de Montmagny. Considérée comme une cour supérieure, celle-ci dessert un vaste territoire allant de Kamouraska jusqu’à Matane. En 1883, cependant, elle déménage à Fraserville (Rivière-du-Loup).

Yves Hébert

Dans les années 1820, une cour de circuit était utilisée à Kamouraska par un juge non résident. Mais après la création des districts judiciaires, il était préférable que les juges habitent dans la paroisse où siégeait la cour. C’est le cas de Joseph-André Taschereau (1806-1867) qui exerce de 1857 jusqu’à sa mort. Surintendant de la police de Québec en 1843 puis Solliciteur général du Bas-Canada deux années plus tard, il vivait seul dans sa maison de Kamouraska et ne s’est jamais marié.

Certains historiens considèrent Kamouraska comme une pépinière de jeunes juges. On peut mentionner Henry-George Carroll (1865-1939). Natif de la paroisse, il est admis au Barreau en 1889, mais exerce à Rivière-du-Loup. Élu député libéral à la Chambre des Communes pour la circonscription de Kamouraska en 1891, il est réélu à trois autres reprises avant d’accepter en 1904 un poste de juge de la Cour supérieure de Québec pour le district de Gaspé.

Le plus célèbre juge du village est sans doute Adolphe Basile Routhier (1839-1920). Celui-ci s’est rendu célèbre comme écrivain pour avoir composé les paroles de ce qui deviendra l’hymne canadien Ô Canada. En 1864, il acquiert une villa convertie en auberge par Jean-Baptiste et Honoré Roy et y exerce comme avocat jusqu’en 1889, année où il est muté comme juge pour le district judiciaire de Québec.

Le juge Routhier, comme plusieurs membres du Barreau, s’intéresse à la vie politique. Il brigue les suffrages comme libéral dans la circonscription de Kamouraska en 1869, mais il est défait devant Charles-Alphonse Pantaléon Pelletier (1837-1911) un juge conservateur de Rivière-Ouelle. Il refait une nouvelle tentative en 1872, mais sans succès.