Âgé maintenant de 81 ans, le militant établi au Kamouraska, Roméo Bouchard, signe un nouveau livre sur le monopole de l’UPA au Québec.
Roméo Bouchard n’avait pas prévu écrire un livre sur le sujet qu’il a vivement défendu au début des années 2000. C’est à la suggestion d’un média auquel il collabore, « La vie agricole », qu’il a décidé de mettre par écrit ce sujet « pointu », mais qu’il trouve « majeur ».
Le cofondateur de l’Union paysanne présente en gros les mêmes arguments qu’il y a quelques années. « On ne demande pas de destitution, on demande un pluralisme syndical », dit-il.
Dans le livre, Roméo Bouchard s’attaque au statut de syndical agricole unique de l’UPA. Il accuse l’UPA d’avoir épousé dans les dernières décennies le modèle d’une agriculture productiviste mondialisée, ajoutant que cette orientation a de lourdes conséquences sur l’occupation du territoire, sur l’environnement et sur l’alimentation et la santé de la population.
« J’ai 81 ans, et je constate avec tristesse que le modèle agricole des multinationales a fait main basse sur notre agriculture et notre alimentation, et que, pendant que l’UPA protège son monopole et que les politiciens préservent leurs sièges, nos fermes, nos terres, nos campagnes, nos savoir-faire disparaissent à toute allure », ajoute-t-il dans le résumé de son livre publié par VLB Éditeur et La vie agricole.
« En expliquant comment ça fonctionne, ce monopole-là, c’est une façon de dire au grand public de se lever contre cela. » – Roméo Bouchard
Pour Roméo Bouchard, seule la sensibilisation des citoyens à cette réalité permettra de diversifier le paysage agricole. « En expliquant comment ça fonctionne, ce monopole-là, c’est une façon de dire au grand public de se lever contre cela », ajoute l’auteur.
Son préfacier, Jean Pronovost, est le président de l’Institut Jean-Garon et a présidé en 2008 la Commission sur l’avenir de l’agriculture et de l’agroalimentaire québécois.
Réactions de l’UPA
Le directeur de l’UPA, Charles-Félix Ross, qui a lu le livre, s’est dit en désaccord, évidemment, avec le thème de M. Bouchard. « Son analyse est biaisée. On a une des agricultures les plus progressistes au monde. On n’est pas enfermés dans le statu quo », estime-t-il. « Ça marche parce que les producteurs travaillent ensemble. Il faut arrêter de prêcher la fin du monde, c’est malsain et c’est ce que je dénonce. Le vrai problème en agriculture, c’est l’austérité gouvernementale. Il faut investir dans notre système alimentaire », a dit Charles Ross.