Éditorial : Quand Sainte-Anne et La Pocatière font du Badoo

Vous connaissez Badoo, cette application mobile qui a révolutionné les rapports amoureux au 21e siècle? Une des principales fonctionnalités de Badoo est de mettre en relation deux célibataires à la recherche de l’amour et qui habitent à proximité l’un de l’autre. Plutôt révolutionnaire, cette façon de faire a eu raison de beaucoup de sites de rencontres sur internet qui n’étaient pas en mesure d’offrir cette fonctionnalité géographique aussi précise.

Si Badoo est peut-être à l’origine de certaines relations, l’application a plutôt la réputation d’encourager les histoires d’un soir, de telle sorte que les utilisateurs de Badoo finissent par avoir l’étiquette de gens qui ont peur de l’engagement. C’est un peu l’image que renvoie la relation entre Sainte-Anne et La Pocatière. On se fréquente selon nos besoins du moment, parce qu’on est géographiquement proche, mais on ne s’engage jamais réellement.

Bien qu’elle soit une bonne nouvelle pour le milieu pocatois, l’entente de partenariat qui vient d’être signée entre Développement économique La Pocatière (DELP) et Sainte-Anne-de-la-Pocatière n’est qu’un exemple de plus dans l’interminable flirt que se livrent les deux municipalités depuis quelques années. Les ententes de services et les projets communs sont multiples entre elles, on a qu’à penser à l’aréna, aux loisirs, à la bibliothèque, au service de sécurité incendie, bientôt l’aqueduc qui sera prolongé au Carré Saint-Louis, un autre projet au Boisé Beaupré et j’en passe. En même temps, on peut les comprendre, entretenir les papillons d’un début de relation est toujours plus agréable que l’investissement à long terme où on finit par tenir l’autre pour acquis.

« C’est compliqué »

Néanmoins, dans une relation, quand les rapprochements se multiplient, comme c’est le cas entre La Pocatière et Sainte-Anne, vient le temps de pousser l’engagement un peu plus loin. À défaut de parler de mariage, parce que le mot peut faire peur de nos jours, on envisage la cohabitation commune. Pourquoi payer pour deux loyers et tout ce qui vient avec quand on sauverait des sous à mettre en commun? Pour le moment, cela ne semble pas une priorité pour Sainte-Anne et La Pocatière. Tels des vainqueurs d’Occupation Double, les deux municipalités travaillent ensemble dans l’intérêt de remporter le condo à la fin, mais pas question de l’habiter conjointement. Résultat, on maintient le statut marital « c’est compliqué » sur nos pages Facebook respectives.

Selon le maire de Sainte-Anne-de-la-Pocatière, Rosaire Ouellet, il faut commencer par démontrer à la population de la Municipalité que les projets communs avec la ville fonctionnent bien… avant d’aller plus loin. Pour le maire de La Pocatière, Sylvain Hudon, il faudrait peut-être commander une étude qui évaluerait les avantages et les inconvénients d’un éventuel regroupement. De plus, il estime que c’est la population qui doit avoir le dernier mot sur le sujet.

Dans les deux cas, on ne pourra pas reprocher aux maires Hudon et Ouellet de ne pas être pragmatiques. Malgré toutes ces analogies sur le couple, on ne fusionne pas deux municipalités comme on marie deux personnes! Mais vingt ans après un premier référendum sur la question qui s’est soldé par un non catégorique à Sainte-Anne-de-la-Pocatière, le temps est peut-être venu de reposer la question. À moins que la monogamie ne branche plus trop Sainte-Anne et La Pocatière? Il ne faudrait pas se surprendre, à l’époque Badoo, tout est possible! En effet, peut-être que les deux municipalités sont aujourd’hui plus tentées par la polygamie, du genre une ville, une MRC? L’amour à plusieurs, ça aussi, c’est très Badoo…