Au début des années 1930, l’artisanat local commence à piquer la curiosité des ethnologues, des amateurs d’art et des voyageurs. Les Cercles des fermières et les Écoles ménagères et Instituts familiaux contribuent à son développement et une poignée d’artisans commencent à se faire connaître sur la Côte-du-Sud, notamment le miniaturiste Eugène Leclerc (1885-1968).
Yves Hébert
Natif de Saint-Jean-Port-Joli, Eugène-Onésime Leclerc est issu du mariage de Joseph-Leclerc dit Francoeur et de Marie-Léopold Tremblay. Attiré par la mer, il devient matelot et timonier. Il navigue sur les Grands Lacs, le Saint-Laurent et l’Atlantique Nord. Ayant expérimenté les caprices de la mer et un naufrage à bord du Montcalm, il quitte la navigation pour travailler comme gardien de phare au Pilier de Pierre au nord de l’anse Trois-Saumons. En 1911, il épouse Marie-Louise Gagnon qui lui donne cinq filles et neuf garçons. Exerçant les métiers de son père, une blessure à la jambe gauche le cloue au lit et l’empêche de travailler.
Ayant consacré ses loisirs à construire des bateaux miniatures, Eugène Leclerc décide de les exposer près de chez lui sur une clôture en bordure de la route. Avec l’émergence du tourisme vers la Gaspésie, le vent tourne favorablement pour cet ancien matelot. Ses bateaux à voile attirent l’attention des voyageurs, des amateurs d’art miniature et de l’un des fondateurs de l’École du meuble de Montréal, Jean-Marie Gauvreau, qui fera l’éloge des œuvres de Leclerc dans certaines publications.
Durant les années 1940, Eugène Leclerc a le vent dans les voiles. Ses petits navires sont de plus en plus en demande et ses enfants lui donnent une aide précieuse. Son épouse confectionne les voiles. Le batelier construit des goélettes, des frégates et des brigantins et surtout un grand nombre de répliques de la fameuse goélette Bluenose. L’Œuvre d’Eugène Leclerc et de ses successeurs sera reconnue au Québec et ailleurs en Amérique du Nord. En 1954, le batelier recevra le onzième Grand Prix d’artisanat de la province de Québec. La tradition des bateaux miniatures se perpétue aujourd’hui par son petit-fils Luc.