Pénurie de main-d’œuvre en restauration : Un restaurateur redoute un trop fort achalandage

Restaurant plein à craquer et bon chiffre d’affaires, tout semble aller pour le mieux pour le propriétaire du Restaurant Opéra à La Pocatière. Pourtant, comme plusieurs autres restaurateurs de la région, Damien Charest manque cruellement de cuisinier. Tellement, qu’il craint qu’un trop fort achalandage ne vienne affecter son service à la clientèle.

Un « coup de tonnerre. » Voilà comment Damien Charest qualifie la pénurie de main-d’œuvre qui frappe le milieu de la restauration régionale. « C’est comme si c’était arrivé du jour au lendemain. Quand j’ai acheté, il y a quatre ans, c’était plus facile de recruter. Aujourd’hui, c’est comme si les employés venaient nous “essayer.” Si ça ne fait pas leur affaire, ils vont voir ailleurs et ils ont le beau jeu, car il y a des opportunités partout », confie-t-il.

Pour pallier à cette pénurie de main-d’œuvre, qui se vit principalement en cuisine, Damien Charest avoue offrir des conditions de travail pratiquement équivalentes à ce qu’un cuisinier pourrait avoir s’il travaillait pour le réseau de la santé. « Mes taux horaires sont avantageux, j’offre une assurance collective et même des plans de retraite », énumérait-il.

« Quand l’Escale a fermé à Saint-Pacôme, la clientèle a traversé chez nous. Depuis, on est toujours plein. Maintenant, c’est le Cap Martin qui n’ouvrira plus pour les soupers. Ça va redonner un autre coup, c’est sûr. Mais est-ce que je vais être capable de répondre à cette nouvelle demande, alors que je manque déjà de main-d’œuvre? » – Damien Charest

Malheureusement, tout cela ne suffit pas. Selon lui, les horaires atypiques du milieu de la restauration nuisent au recrutement. « Les gens veulent une meilleure qualité de vie, travailler moins et avoir plus de loisirs. Travailler les soirs et les fins de semaine, ça n’intéresse plus beaucoup de gens », confie-t-il.

Signe que la pénurie s’est étendue à l’ensemble des restaurateurs : le propriétaire d’un restaurant de l’extérieur de la région l’aurait même menacé de mort, car il avait offert du travail à un de ses employés.

De plus, il croit que l’environnement de travail y est aussi pour quelque chose. « Qui a le goût de travailler dans une cuisine quand on a des étés comme cette année? Rester devant des friteuses et des plaques de cuisson quand il fait déjà extrêmement chaud, c’est tout simplement invivable », d’ajouter celui qui dit réfléchir à investir des milliers de dollars pour climatiser sa cuisine. « Si on veut que nos employés travaillent dans un environnement sain, quels autres choix avons-nous », questionne-t-il.

Débordé

Même si son entreprise est loin d’être en mauvaise posture financière, Damien Charest regarde ce qui est arrivé au Restaurant Le Bec Fin qui a fait faillite récemment, ou même les décisions prises par les propriétaires du Cap Martin, du Restaurant La Montagne et de MAMIE Pataterie Gourmande qui ont décidé de revoir leurs heures d’ouverture. Dans tous les cas, la pénurie de main-d’œuvre a joué un rôle et il est loin de se réjouir de la situation. « Quand l’Escale a fermé à Saint-Pacôme, la clientèle a traversé chez nous. Depuis, on est toujours plein. Maintenant, c’est le Cap Martin qui n’ouvrira plus pour les soupers. Ça va redonner un autre coup, c’est sûr. Mais est-ce que je vais être capable de répondre à cette nouvelle demande, alors que je manque déjà de main-d’œuvre? »

Préoccupé, Damien Charest redoute de devoir en venir à fermer son restaurant, non pas parce que la clientèle n’est pas au rendez-vous, mais plutôt parce qu’il n’a plus la main-d’œuvre nécessaire pour l’opérer. « Je limite même ma publicité, car j’ai peur de ne pas être capable de bien servir mes clients s’ils sont trop nombreux. Si on en vient tous à faire ça, c’est les médias locaux qui vont écoper par après et ainsi de suite. C’est une roue qui tourne. »