35 ans après ses débuts professionnels, Damien Charest, mieux connu sous le nom de Damien le magicien, a décidé d’accrocher sa baguette de façon définitive. Serein avec sa décision, Damien ne tourne pas le dos à la magie pour autant. Il lui reste encore plusieurs tours dans son sac…
S’il n’avait pas perdu sa mère à l’âge de 6 ans, Damien Charest ne serait jamais devenu Damien le magicien. Lorsqu’il voit pour la première fois Michel le magicien à la télé, Damien a 12 ans et il est fasciné par sa capacité à faire apparaître des oiseaux. « À ce moment-là, je me suis dit que je voulais devenir magicien et faire réapparaître ma mère pour ma famille », se souvient-il.
Damien a vite compris qu’il serait impossible pour lui de ramener sa mère, mais qu’il était possible pour lui de devenir magicien. Afin d’apprendre les rudiments du métier, il s’est commandé le livre de magie de Patrick Page à la Tabagie Astérik de Saint-Pascal, aujourd’hui LUNIK. Cette brique de 400 pages allait lui enseigner les bases de la magie. « Le livre valait 35 $. Une fortune à l’époque. Mon père me donnait 1 $/jour pour que je puisse manger à la polyvalente le midi. Pendant sept semaines, je me suis privé de dîner pour me payer ce livre-là », raconte-t-il.
« Je me suis dit que je voulais devenir magicien et faire réapparaître ma mère pour ma famille. » – Damien Charest
Durant l’été, Damien ramassait des bleuets. Lorsqu’il a réussi à amasser suffisamment d’argent de cette façon, il s’est payé un billet d’autobus pour Montréal. Il avait 15 ans. « À l’époque, l’autobus prenait 8 h pour se rendre à Montréal à partir de Sainte-Hélène », se rappelle-t-il.
Huit heures bien investies qui lui ont permis de suivre des cours avec les premiers magiciens à l’avoir inspiré, Michel le magicien et Le Grand Marcis. « C’était des cours intensifs. J’ai fait ça durant plusieurs étés. J’étais hébergé chez Le Grand Marcis. Je dormais sur le divan dans son sous-sol. »
Lorsqu’il a atteint la majorité, Damien Charest a fait la rencontre de Mehdi Talbi avec qui il a complété sa formation de magicien. Encore aujourd’hui, Damien considère l’homme comme son mentor et le meilleur magicien au Québec. « Il me disait toujours de faire des spectacles gratuits quand je n’avais pas de contrats et c’est comme ça que je me suis fait connaître, principalement en faisant des spectacles pour des œuvres caritatives », mentionnait-il.
Belle carrière
À l’âge de 25 ans, Damien Charest a joint le spectacle Les fantômes à la Cape où il jouait le rôle de Merlin l’Enchanteur. « On était une troupe de 35 personnes. C’était gros. On a fait des spectacles au Vieux-Port de Montréal et dans les grands hôtels du Québec. C’est vraiment ce qui a lancé ma carrière », reconnaît-il.
Dans les années qui ont suivi, Damien le magicien s’est fait connaître dans tout le Québec en étant le seul magicien à faire apparaître 12 colombes consécutives en début de spectacle. « Pendant un moment, j’avais le plus gros spectacle au Québec et je faisais les premières parties de France D’Amour, Marc Dupré, Isabelle Boulay et André-Philippe Gagnon. »
En plus de se produire dans les plus grandes salles de la province, il a eu la chance de présenter des spectacles en Allemagne, en Russie, à Prague, à Paris et même à Las Vegas. Il a également pu côtoyer quelques-uns des plus grands magiciens du monde comme Paul Harris et Lans Burton.
Malgré toutes ces années de succès, Damien Charest estime que le temps est venu d’accrocher sa baguette. D’une part, à 60 ans, la santé ne lui permet plus de maintenir ce rythme. « J’avais au-dessus de 1000 lb de matériel à transporter à chaque spectacle. C’était exigeant », commente-t-il. D’autre part, la peur de se retirer au mauvais moment le hantait depuis un moment. « Les gens disaient qu’ils me trouvaient encore bon. C’est mieux de se retirer dans ce contexte. Quand t’es obligé de le faire parce que les gens ne veulent plus de toi, là ça fait mal », confie-t-il.
Lors d’un spectacle-bénéfice pour la maladie de Lyme donné à La Nouvelle Salle, le 11 août dernier, Damien le magicien a présenté son ultime performance. « J’avais annoncé que ça serait mon dernier spectacle. C’était émotif. J’ai pleuré après, mais là c’est correct. Je suis serein avec ma décision. »
Propriétaire du restaurant Opéra à La Pocatière depuis quelques années, Damien Charest entend maintenant se consacrer à son commerce. Néanmoins, il ne tourne pas le dos à la magie pour autant. « Je continue de faire des numéros aux tables. Ça permet à mes clients de passer un bon moment, et moi, de continuer à entretenir ma passion. »