Éditorial : un fichu bon débat

En 15 ans de couverture de l’actualité politique dans Côte-du-Sud, jamais je n’ai assisté à un débat des candidats de la qualité de celui présenté mercredi dernier au Cégep de La Pocatière.

Le Mistook était plein à craquer et les spectateurs avaient reçu la directive de ne pas se manifester en huant ou en applaudissant les candidats. Toute la salle a respecté la directive. Du jamais vu. Est-ce parce que l’auditoire était tellement captivé par les échanges qu’il n’a pas ressenti le besoin de signifier qu’il était là?

Il faut aussi dire que la formule retenue était simple et efficace : quatre thèmes, une minute où les candidats tirés au hasard ont pu présenter leur plateforme, suivi d’un échange de six minutes entre eux. Difficile de s’y perdre. Lorsque la discussion tombait à plat, ce qui est rarement arrivé, le modérateur Antoine de la Durantaye relançait les échanges avec une question.

Et les candidats?

Outre la formule retenue, la qualité des échanges entre les candidats a clairement fait la différence. Même s’ils avaient déjà tous une première expérience derrière la cravate suite au débat tenu la semaine précédente à Montmagny, aucun candidat ne partait réellement avec une longueur d’avance sur les autres, à l’exception peut-être de Michel Forget du Parti québécois, candidat pour la deuxième fois en 10 ans.

Au final, tout le monde a marqué des points, mais tout le monde a aussi trébuché à l’occasion, apportant beaucoup d’humanité à nos candidats. Dans quatre ans, lorsqu’un d’entre eux tentera de se faire réélire, cette « virginité » aura disparu. Nous aurons plutôt devant nous une machine politique coulée dans le moule de l’Assemblée nationale et trois êtres humains qui ne feront pas le poids devant l’expérience qu’elle aura acquise.

Un gagnant?

Dans le cas de Guillaume Dufour de Québec solidaire, il a bien réussi à vendre la plateforme de son parti et amener quelques lignes sur l’environnement, enjeu qui ne figurait pas parmi les thèmes du débat. Loin d’être une menace pour les autres candidats, il a été très peu écorché, mais il n’a pas non plus réussi à se positionner de façon précise sur les enjeux propres à Côte-du-Sud, en dehors du programme national de Québec solidaire.

Michel Forget du Parti québécois a été à l’image de son chef Jean-François Lisée au débat télévisé du 13 septembre. Concis et concret, il est probablement le grand gagnant de ce débat régional puisqu’il est celui qui a le mieux vendu son programme, voyant même une de ces idées saluées par Simon Laboissonnière.

Concernant le candidat libéral, la joute a été plus ardue sur le thème de la santé, malgré son enjeu concret de créer une clinique de douleur à l’hôpital de La Pocatière. Ciblé par tous les autres candidats, en raison de la réforme en santé de son parti, Simon Laboissonnière n’a jamais été déstabilisé. Au contraire, le politicien de 29 ans semble s’être nourri de ces attaques, au point où à la toute fin du débat, il dégageait une sorte d’assurance de député en quête d’un nouveau mandat, plutôt que celle d’un candidat n’ayant jamais siégé au parlement.

En mode offensif durant tout le débat, la stratégie de Marie-Eve Proulx a été payante en santé, notamment, où elle a été beaucoup plus précise qu’en début de campagne sur les pouvoirs que la CAQ veut redonner aux établissements hospitaliers. Nez à nez avec Simon Laboissonnière dans le comté, sa performance ne fera peut-être pas bouger l’aiguille des sondages ici, mais elle fera peut-être oublier le déficit de crédibilité dont son parti souffre auprès d’une frange de l’électorat, depuis l’empêtrement de son chef François Legault sur les questions d’immigration.

Prochaine étape, l’élection du 1er octobre. Reste à savoir si les électeurs seront au rendez-vous.