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De plus en plus de recours aux banques alimentaires

De passage chez Moisson Kamouraska, dans le cadre de la tournée 30e anniversaire des Banques alimentaires du Québec, la directrice générale, Annie Gauvin, a remis en doute l’affirmation du premier ministre Philippe Couillard voulant qu’une famille de trois personnes puisse se nourrir avec seulement 75 $ par semaine, ajoutant que si une famille réussit cet exploit, c’est qu’elle a recours au réseau des banques alimentaires du Québec

En effet, 30 ans après sa création, les demandes d’aide alimentaire n’ont jamais été aussi importantes au sein du réseau. L’an dernier seulement, 400 000 personnes ont eu recours à de l’aide alimentaire au Québec, dont 150 000 enfants. « Depuis quelques années, on le voit, les demandes viennent de plus en plus de gens qui ont un travail », explique-t-elle.

À titre d’exemple, elle mentionne que dans la région de Québec, 23 % des demandes sont faites par des gens disposant de revenus d’emploi, alors qu’il s’agit pourtant d’une région qui navigue dans le plein-emploi. « Quand l’économie roule à plein régime, il y a une pression sur le marché avec l’augmentation des prix à la consommation et celui des loyers. C’est ce qui fait en sorte que les gens qui étaient dans une situation de pauvreté en travaillant à temps partiel ou de façon saisonnière au salaire minimum passent à une situation d’extrême pauvreté », expliquait-elle.

Porte d’entrée

Parce que se nourrir est un besoin vital, les banques alimentaires comme Moisson Kamouraska deviennent souvent, par défaut, la porte d’entrée d’une clientèle démunie dont les besoins dépassent largement ceux de l’alimentation. « On ne donne pas juste de la bouffe. Souvent, on est aussi intervenant, car il n’est pas rare qu’on doive diriger certaines personnes vers d’autres organismes de la région, parce qu’elles rencontrent d’autres problématiques au quotidien », d’ajouter Mireille Lizotte, directrice générale de Moisson Kamouraska.

À ce propos, Annie Gauvin cite l’exemple d’une mère monoparentale qui, il y a plusieurs années, a dû se résigner à aller chercher de l’aide dans une banque alimentaire parce qu’elle n’arrivait plus à joindre les deux bouts après quelques burn-out successifs causés par la conciliation de deux emplois à temps partiel au salaire minimum. « Elle s’est présentée dans une banque alimentaire et on a pu la diriger vers d’autres services qui ont pu l’aider à quitter la spirale de la pauvreté dans laquelle elle était coincée. Aujourd’hui, cette dame est une femme d’affaires qui emploie une dizaine d’employés. Notre impact dans la communauté est significatif », de déclarer Annie Gauvin.