Les ressources en accueil et intégration des nouveaux arrivants dans les MRC de L’Islet et de Kamouraska sont catégoriques. La pénurie de main-d’œuvre est réelle dans la région et les travailleurs étrangers représentent une des solutions à envisager pour pallier à cette problématique.
Au Kamouraska par exemple, une enquête réalisée par Emploi-Québec en 2017 auprès de 150 répondants, représentant à eux seuls 50 % des employeurs de la MRC, a fait ressortir que 64 % d’entre eux rencontraient des difficultés de recrutement. « Soit le profil personnel ou professionnel des candidats ne cadre pas, ou le statut des emplois (temps partiel ou saisonnier) pose problème », d’indiquer Julie-Christine Helas, agente de mobilisation à l’immigration. Parmi les répondants, plusieurs étaient issus du milieu de la restauration, a-t-elle pris la peine de préciser.
Dans L’Islet, la coordonnatrice à l’accueil et à l’intégration des nouveaux arrivants, Rachelle Després, parle d’une baisse significative de la population active entre 2001 et 2017. Une perte qui se chiffre à 500 personnes chez les 25-34 ans, à près de 1500 personnes chez les 35-44 ans et environ 600 personnes chez les 45-54 ans. « C’est plus de 2500 personnes en moins chez les groupes d’âge qui ont encore le plus d’années devant eux à passer sur le marché du travail », mentionnait-elle. En contrepartie, elle souligne une augmentation de 2269 à 3618 de la population âgée entre 55 et 64 ans qui doit bientôt partir à la retraite.
Déboulonner les mythes
Malgré ces statistiques parlantes, nombreux sont ceux à encore penser que les travailleurs immigrants ne sont pas nécessaires et qu’ils viennent « voler des jobs » aux gens de la région. Elle-même immigrante d’origine belge, Julie-Christine Helas explique tout le processus par lequel un employeur doit passer avant d’embaucher un travailleur à l’international. « La première étape pour la plupart des employeurs, c’est de soumettre une étude d’impact sur le marché du travail à Emploi et Développement social Canada. Cette étude doit faire la démonstration que le poste offert ne peut-être comblé localement et que l’employeur n’a pas d’autre choix que de se tourner vers l’international pour embaucher. Ce n’est donc pas aussi simple que les gens peuvent croire. »
Néanmoins, certains estiment que les assistés sociaux devraient être « forcés » de retourner travailler, dans le contexte actuel. Là encore, Rachelle Després rappelle que leur nombre est actuellement en diminution. Ce qui n’est pas faux. Au Québec, entre juin 2017 et juin 2018, un nombre de 292 100 ménages était prestataire d’aide sociale, une diminution de 10 082 ménages en un an. Dans Chaudière-Appalaches seulement, il y a actuellement moins de 3 000 adultes aptes au travail sur l’assistance sociale. « Ça va dans le sens du taux de chômage de la région qui se situe autour de 3 % », d’ajouter Rachelle Després.
Reste donc l’automatisation de certains procédés de production si une entreprise désire combler son déficit en main-d’œuvre autrement qu’en faisant appel à des travailleurs étrangers. Ce qui n’est pas possible partout. « Pour les entreprises de services et les commerces de détail, l’automatisation, c’est soit impossible ou trop dispendieux », de déclarer Rachelle Després.
Bref, c’est ce qui fait dire à Julie-Christine Helas que les travailleurs immigrants ne peuvent être tassés du revers de la main. « L’institut de statistique dit qu’en 2021, au Bas-Saint-Laurent, il y aura 54,1 travailleurs prêts à intégrer le marché du travail pour chaque groupe de 100 personnes qui partira à la retraite. Je ne suis pas économiste, mais personnellement, je trouve ça catastrophique. Il y a un besoin partout au Québec et la pénurie n’est pas prête de s’estomper », concluait-elle.