Les cloches font partie du paysage sonore des villes et des régions rurales depuis le début du Régime français. Celles des églises on les entend de moins en moins. Au Canada, c’est au Québec qu’on en retrouve le plus.
L’acquisition de cloches d’église n’est pas une mince affaire. Au début du Régime français, des fondeurs itinérants les fabriquent. Le plus célèbre sur la Côte-du-Sud est Pierre Latour. Il aurait conçu les premières à l’église de Rivière-Ouelle et à celle de la Grande Anse (La Pocatière). En 1724, le curé de Kamouraska Étienne-Auclair Desnoyers lui en commande une pour son église, mais non sans difficultés. Latour prépare celle de Saint-Michel (Bellechasse) et le curé souhaite que le poids ne dépasse pas celle de cette paroisse. Après une année de préparation, le curé apprend que Latour ne veut pas fondre sa cloche à Kamouraska et qu’il préfère exécuter les travaux à Beauport. Le curé Auclair est alors obligé de se rendre à Beauport pour récupérer l’objet qui pèse 180 livres au coût de 366 livres.
La cloche de l’église de Kamouraska est remplacée en 1768 et en 1835 au coût de 1000 $. Lors de la construction du nouveau clocher en 1882, elle est désinstallée pour faire place à un carillon à trois cloches construites en Angleterre par la maison Whitechapel. On y découvre alors l’inscription suivante : Je suis destinée pour Cap des Mouraska, dernière paroisse du Canada. Selon Alexandre Paradis, le curé de la paroisse aurait fait don de cette cloche à la paroisse de Saint-Désiré-du-Lac-Noir (Saint-Joseph-de-Coleraine) vers 1890. Le mystère plane toujours sur l’origine de cette inscription. Était-ce la première cloche de l’église de Kamouraska? Il est vrai qu’avant 1768, on utilisait parfois le nom de Cap Mouraska pour désigner le dernier lieu de peuplement à l’est de la colonie.