Sous-traitant pour Bombardier depuis de nombreuses années, le président du Groupe LG Cloutier de L’Islet, Eric Lord, déplore l’absence de contenu local dans les appels d’offres d’entreprises de transport ferroviaire canadiennes, alors que le marché américain leur est pratiquement fermé pour les raisons inverses. À moins d’aller s’y installer…
Fondé en 1979, le Groupe LG Cloutier fait de la sous-traitance pour Bombardier Transport depuis ses débuts, de mentionner Eric Lord. Actuellement, il estime qu’entre 40 et 50 % de ses contrats sont liés à des entreprises du domaine ferroviaire comme Bombardier et Alstom. Cet « ouvrage », son entreprise l’a obtenu parce que Bombardier et Alstom travaillent actuellement sur des contrats de transport en commun qui exigeaient du contenu canadien. « On fait l’usinage pour eux, mais principalement du métal en feuille, notre spécialité. Les pièces qu’on réalise servent au contrat du train de banlieue d’Ottawa qu’Alstom a obtenu et celui du métro de Montréal réalisé en consortium par Alstom et Bombardier », résume-t-il.
« Ce sont des contrats majeurs que mon entreprise ne reverra pas passer de sitôt. Les gouvernements disent qu’ils respectent les accords de commerces internationaux, mais ils ne semblent pas prendre en considération toutes les retombées directes et indirectes que de tels contrats peuvent laisser dans l’économie canadienne. » – Eric Lord
Toutefois, l’absence de contenu canadien dans les récents appels d’offres du Réseau express métropolitain (REM) et celui de VIA Rail viennent fragiliser ce secteur d’activités du Groupe LG Cloutier, car aucun de ces contrats n’ont été ou ne doivent être accordés à des entreprises ferroviaires installées au Canada. « Ce sont des contrats majeurs que mon entreprise ne reverra pas passer de sitôt. Les gouvernements disent qu’ils respectent les accords de commerces internationaux, mais ils ne semblent pas prendre en considération toutes les retombées directes et indirectes que de tels contrats peuvent laisser dans l’économie canadienne », ajoute-t-il.
Selon Eric Lord, 25 à 30 % de contenu local suffirait pour donner une chance aux entreprises ferroviaires installées au Canada de remporter des contrats de remplacement de matériel roulant. « Des contrats qui assurent non seulement du travail dans ces entreprises, mais leurs sous-traitants également », a-t-il déclaré.
S’installer aux États-Unis
S’il trouve le Canada trop permissif, à l’opposé, Eric Lord mentionne que les États-Unis sont probablement trop protectionnistes lorsqu’ils exigent jusqu’à 70 % de contenu local dans certains contrats. « Ça nous empêche souvent de faire de la sous-traitance pour les entreprises là-bas », a-t-il déploré.
D’ailleurs, il mentionne s’être déjà fait suggérer par ses clients actuels de s’installer au sud de la frontière pour être en mesure de décrocher plus de travail sur les contrats ferroviaires américains. Un non-sens pour Eric Lord. « Est-ce que c’est ce que nos gouvernements veulent, qu’on se délocalise pour avoir de la business? J’emploie entre 80 et 90 personnes ici. Des gens qui travaillent, qui payent des impôts et qui font rouler l’économie. Si on ferme tous pour s’installer aux États-Unis, qu’est-ce qui va rester ? », a-t-il questionné.