Siemens Canada a décroché auprès de VIA Rail Canada l’important contrat de conception et de construction de 32 nouvelles rames bidirectionnelles qui desserviront plus de 4,5 millions de voyageurs par an sur le parcours le plus achalandé de VIA Rail, soit le corridor Québec-Windsor. Plusieurs auraient souhaité que le contrat revienne à Bombardier Transport, qui aurait pu être aidé par une exigence de contenu local canadien.
La commande est évaluée à 989 millions de dollars canadiens. VIA Rail et Siemens ont aussi conclu un contrat de services techniques et de fourniture de pièces de rechange de 15 ans d’une valeur de 23,7 millions de dollars canadiens par année.
Siemens dit avoir pour objectif d’utiliser du contenu canadien dans une proportion de plus de 20 % en ce qui concerne les fournitures et les services.
La livraison des rames aux fins d’essais débutera en 2021, et le service voyageur devrait commencer en 2022.
Jusqu’à la dernière minute avant l’annonce de mercredi midi, certains croyaient encore que la décision pouvait être renversée.
La semaine dernière, des centaines de travailleurs de Bombardier étaient sortis dans la rue pour dénoncer cette absence de contenu local exigé du fédéral. Les employés cherchaient l’appui de leur gouvernement.
« Certains gardaient encore espoir que ça puisse changer vu que ce n’était pas officiel », a admis le préfet Yvon Soucy. « On avait encore espoir de faire bouger les choses au niveau du gouvernement fédéral qui avait le potentiel de le faire », a ajouté Claude Michaud, président du Syndicat des travailleurs de l’usine Bombardier de La Pocatière.
« C’est décourageant parce que Bombardier va se positionner sur le plus gros contrat de son histoire aux États-Unis (NDLR : un important contrat au New Jersey au contenu américain à 70 %) et on n’est même pas capable sur notre marché canadien de se positionner », a-t-il ajouté.
« Celui-là, on ne voulait pas le perdre. On travaillait très fort. On est déçus », a résumé Claude Michaud.
Le syndicat qui représente les travailleurs va évaluer les possibilités de se faire voir ou entendre prochainement.
Réaction de Bombardier
Bombardier Transport s’est pour sa part dite déçue de la décision de VIA Rail, une société de la Couronne.
«Il nous apparaît inconcevable que l’appel d’offres pour un train qui passera dans deux capitales nationales n’ait pas fait l’objet de mesures visant à assurer un maximum de retombées locales et l’utilisation de haute technologie canadienne, dans le respect des obligations internationales du Canada», a dit Bombardier par voie de communiqué.
Alors que le processus d’appel d’offres lui permettait de discuter avec les différents soumissionnaires, VIA Rail aurait refusé à deux reprises de considérer une offre révisée de Bombardier. «Cette offre avait reçu l’appui du Gouvernement du Québec, contenait des retombées économiques locales accrues et prévoyait l’utilisation de technologies vertes. Nous prendrons le temps nécessaire pour analyser le processus de VIA Rail et ses décisions, et évaluer nos options».