À Sainte-Louise, le conseil municipal décidait récemment de ne pas renouveler le mandat de sa directrice au développement. L’an dernier à Saint-Pacôme, la Municipalité choisissait de mettre à pied temporairement son agente de développement pour des raisons d’équilibre budgétaire. Jadis valorisé, le travail d’agent de développement ne semble plus indispensable pour les petites localités de Kamouraska-L’Islet. La profession est-elle en voie de disparition?
Selon le directeur général de la MRC de L’Islet, Patrick Hamelin, il y aurait là une tendance qui se constate à la grandeur du Québec. « Les soutiens financiers pour les communautés dévitalisées ont fondu ces dernières années. Les municipalités ont dû faire des choix, et dans certains cas, les services plus directs aux citoyens ont été privilégiés », souligne-t-il.
Au Kamouraska, Thérèse Brodeur agit comme conseillère en développement rural. Une partie de son travail consiste à accompagner les agents de développement du territoire. Elle se rappelle que la profession a fait son apparition au lendemain de la naissance des pactes ruraux, en 2001. Tout au long des années 2000, elle a assisté à la multiplication des agents de développement dans les municipalités kamouraskoises. À leur paroxysme en 2010, ils étaient 14 sur un total de 17 municipalités. « Il faut se le dire, c’est la capacité financière des municipalités qui va dicter très souvent si elles maintiennent leurs agents en poste ou non », a-t-elle déclaré.
Titres différents
Annuellement, les agents de développement se rencontrent jusqu’à quatre fois autour d’une table de concertation au Kamouraska. L’occasion permet de discuter des enjeux locaux, des problématiques de chaque localité et partager des expériences. Encore 11 « agents » assistent à ces rencontres selon Thérèse Brodeur. Ils ne portent juste pas tous le titre précis « d’agent de développement. » « C’est un rôle très multidisciplinaire qui prend de plus en plus des couleurs différentes d’une municipalité à l’autre, en fonction des priorités que chacune d’entre elles désire mettre l’avant », explique-t-elle.
À La Pocatière, par exemple, le poste d’agent de développement commercial et touristique a été aboli à la fin 2016. L’an dernier, la Ville a procédé à l’embauche d’une conseillère aux communications et au développement touristique. À Saint-Pascal, développement et communications se confondent également, alors qu’à Saint-Alexandre, l’urbanisme et le développement ne font qu’un. « Les titres sont très évolutifs, mais à la base, on demeure souvent dans le même type d’expertise : l’accompagnement des comités de bénévoles, une connaissance approfondie du territoire, la mise en place et l’application du plan de développement local, les communications, parfois les loisirs, etc. »
Chargés de projets
À Saint-Roch-des-Aulnaies, la Municipalité a expérimenté quelques agents de développement successifs. Depuis quelques mois, c’est un chargé de projets qui a pris la place. Selon le maire André Simard, le titre ne fait pas juste différer, mais la fonction également. « Notre chargé de projet travaille sur des projets qui ont un début et une fin dans le temps. Il n’est pas là pour soutenir des idées ou accompagner les demandes des citoyens. Il a des mandats précis qu’il reçoit directement du conseil municipal et que nous lui avons demandé de prioriser », explique-t-il.
Jusqu’à maintenant, leur chargé de projet mènerait cinq à six projets de front. « Personnellement, je trouve que c’est plus efficace et plus porteur », a-t-il ajouté.
Qu’ils soient agents de développements ou chargés de projets, il n’en demeure pas moins que la fonction est essentielle, selon Thérèse Brodeur. « S’il n’y a pas d’agent, la Municipalité doit s’en remettre beaucoup à ses bénévoles qui eux n’ont pas toujours le temps ou les ressources pour faire cheminer les projets. L’agent de développement, lui, travaille à la fois la concertation du milieu, tout en étant à la recherche d’aides financières pour faire lever les projets. L’incidence est concrète et positive », concluait-elle.