L’augmentation constante des demandes d’aide alimentaires d’urgence pèse lourd sur les finances de Moisson Kamouraska. Pour bien y répondre, l’organisme n’a pas eu d’autres choix que de revoir ses infrastructures et sa gestion, avec pour conséquence d’affaiblir encore plus son budget de fonctionnement.
Avec 2577 demandes d’aide alimentaire d’urgence en 2018 et 3353 personnes de plus qui bénéficient de l’ensemble des services de l’organisme mensuellement par rapport à 2017, Moisson Kamouraska n’avait d’autres choix que de se trouver de nouveaux locaux l’an dernier. « Le nombre de denrées qu’on reçoit du Réseau des banques alimentaires du Québec est basé sur les données du bilan-faim de l’année précédente. Plus on a de demandes, plus on reçoit de denrées. Mais plus de denrées, ça demande plus d’espace. On n’avait pas le choix de déménager », d’indiquer la directrice générale de l’organisme, Mireille Lizotte.
Toutefois, si ces nouveaux locaux ont leurs avantages, ils ont aussi leurs inconvénients. D’une part, l’organisme aujourd’hui situé au cœur de La Pocatière est plus visible et accessible pour la clientèle qu’elle dessert. Ainsi, un service de soupe populaire a pu être mis en place une fois par semaine. D’autre part, cette augmentation des denrées et ces nouveaux locaux viennent aussi avec une responsabilité financière plus importante à supporter pour Moisson Kamouraska. « Les denrées ont augmenté, mais l’argent lui ne suit pas plus. On se retrouve donc dans une sorte de cercle vicieux où on a plus de bouches à nourrir, mais où les frais fixes qui viennent avec cette augmentation de la demande sont plus importants. Il faut donc faire plus avec moins. Au final, on s’appauvrit encore », de résumer Mireille Lizotte.
À long terme, la directrice générale estime que cette précarité financière de Moisson Kamouraska pourrait compromettre la poursuite de certains projets, sinon le développement de nouveaux. Déjà, elle mentionne que le projet de café solidaire est sur la glace le temps de bien absorber la relocalisation.
Sinon, elle parle de La boîte fraîcheur, actuellement offerte dans Kamouraska et Rivière-du-Loup, dont l’avenir semble incertain. Lancée à l’origine pour rendre accessibles davantage de produits sains aux personnes ayant recours au dépannage alimentaire, elle fonctionne sans aide financière depuis le 31 décembre. « C’est nous qui en assumons entièrement les frais actuellement et pas question de se servir dans les denrées qui doivent servir au dépannage alimentaire d’urgence. On se rend donc dans les épiceries et chez les grossistes en alimentation pour la remplir. Comme tout le monde, on paye le prix qui est affiché, donc nous aussi on est victime de l’augmentation du coût des denrées », d’expliquer la directrice générale.
Elle attend donc avec impatience de connaître la teneur des futures enveloppes financières gouvernementales qui pourraient venir à la rescousse de l’initiative. « L’argent, c’est le nerf de la guerre. Il faut que les gens se rendent compte que le nombre de personnes en situation de pauvreté ou de précarité ne cesse d’augmenter dans les six MRC qu’on dessert et que Moisson a un rôle à jouer pour les aider. Le temps où on était dans un petit local à Saint-Pacôme avec un bureau mitoyen et sept palettes de denrées est révolu. Avec tout le reste, faire comprendre ça, c’est un de nos plus gros défis », de conclure Mireille Lizotte.