Saint-Jean-Port-Joli dit non aux serviettes hygiéniques lavables

Le conseil municipal de Saint-Jean-Port-Joli a refusé de mettre en place un programme de remboursement des serviettes hygiéniques lavables. Proposé par une citoyenne qui en fait l’utilisation, ce programme aurait pu fonctionner sous le même principe que celui des couches lavables actuellement en vigueur.

Cynthia Pellerin ne jure que par les serviettes hygiéniques lavables depuis cinq ans. Préoccupée par son empreinte écologique, elle avoue aussi être passée à ce produit parce que les serviettes jetables lui occasionnaient certains problèmes. « Pour mes enfants, j’ai utilisé que des couches lavables et j’ai pu bénéficier du programme en place à Saint-Jean-Port-Joli. Comme j’étais rendue à renouveler mon lot de serviettes hygiéniques, j’ai fait une demande à la Municipalité pour qu’elle mette en place un programme similaire qui aurait pu en rembourser en partie mon investissement », résume-t-elle.

Cette demande, Cynthia Pellerin l’a faite en s’inspirant de ce qui se fait déjà dans d’autres municipalités québécoises comme Boisbriand ou l’arrondissement de Rivière-des-Prairies—Pointe-aux-Trembles à Montréal. « Une serviette hygiénique lavable coûte entre 10 $ et 15 $. Si tu en utilises environ sept par jours, ça te prend quand même un bon lot pour être fonctionnelle. Je me disais que la Municipalité aurait pu rembourser 10 % de la valeur totale de l’achat », suggère-t-elle.

Lors de la réunion du conseil municipal de janvier dernier, les élus ont décliné la suggestion de Mme Pellerin. Selon le directeur général de la Municipalité, Stéphen Lord, cette position est motivée pour l’instant par le fait qu’ils désirent prioriser les couches, « car cela peut diminuer considérablement le volume de déchet au final. »

Entreprise locale

Si elle avoue être déçue par cette décision, Cynthia Pellerin ajoute que les élus ont manqué une belle occasion de mettre en place une politique qui aurait pu avoir de belles retombées économiques auprès d’une PME de Saint-Jean-Port-Joli.

En effet, connue à travers tout le Québec pour ses couches lavables, l’entreprise Agrumette a pignon sur rue à Saint-Jean-Port-Joli. Elle confectionne également des serviettes hygiéniques lavables.

La copropriétaire de l’entreprise, Anne-Frédéricke Provencher, a même contribué par le passé à faire évoluer la demande d’une maman à l’origine de la mise en place du programme de remboursement des couches lavables au sein de la Municipalité. « Les matériaux utilisés pour la confection des couches et des serviettes hygiéniques mettent jusqu’à 500 ans à se décomposer dans la nature. En terme de taille, une serviette hygiénique est peut-être plus petite, mais comme la vie de femme est beaucoup plus longue que la vie d’un bébé, la quantité de serviettes hygiéniques qu’on envoie à l’enfouissement est tout aussi nombreuse », explique-t-elle.

Pour cette raison et parce que les serviettes hygiéniques lavables réduisent des problèmes de santé comme les mycoses et les réactions allergiques aux matériaux synthétiques ou parfumés, Anne-Frédéricke Provencher estime que plus de municipalités devraient mettre en place des programmes de remboursement inspirés de ce qui se fait en matière de couches lavables. « Ça contribuerait aussi à démocratiser l’utilisation du produit chez les femmes », ajoute-t-elle.

À la Municipalité de Saint-Jean-Port-Joli, Stéphen Lord mentionne qu’il n’est pas exclu que le conseil revienne sur sa décision dans le futur. Pour Cynthia Pellerin, cette porte ouverte est suffisante pour la motiver, car elle a bien l’intention de revenir à la charge avec sa demande l’an prochain.