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Deux ans après la marche de l’hôpital : des instigateurs résignés et résilients

Ils se connaissaient à peine, mais ils avaient en commun le maintien des services à l’hôpital Notre-Dame-de-Fatima. Motivés par cet idéal, ils ont organisé une marche qui a mobilisé des milliers de personnes dans les rues de La Pocatière. Deux ans plus tard, Sylvain Lemieux et Luc Pelletier sont toujours animés par la même passion. Mais entre résilience et résignation, leurs cœurs balancent.

La grisaille était de la partie comme c’est souvent le cas lors des journées printanières d’avril. J’avais donné rendez-vous à Luc Pelletier au garage de Sylvain Lemieux, là où tout a commencé il y a deux ans, m’a-t-il dit.

Sylvain Lemieux nous y attendait, prêt à défendre avec passion la cause de l’accessibilité aux soins dans la région, comme il n’a jamais cessé de le faire depuis deux ans. « Ce n’était pas une question de doubler les élus en prenant le “lead” d’organiser une marche. On s’était juste dit qu’il fallait le faire », de déclarer le garagiste, avec son franc-parler légendaire.

Ce qui les avait motivés, c’était un article paru dans notre hebdomadaire dans lequel on annonçait une rupture de service de trois semaines au bloc opératoire à l’été 2017, faute d’anesthésistes. Ils se sont lancés. Ils ont organisé la marche et les citoyens et les élus de la région ont répondu présents. Leur initiative a mobilisé l’attention médiatique du Québec en entier. Ensuite, tout a déboulé. « On s’est retrouvé à l’Assemblée nationale, quelques jours après, à discuter avec Géatan Barrette », de rappeler Luc Pelletier.

Cette rencontre, c’est celle qui marqué les débuts du comité Mes soins restent ICI, composé de citoyens concernés et de professionnels de la santé. « Il (Gaétan Barrette) ramenait toujours ça aux anesthésistes durant la rencontre. Je lui disais que ce n’était pas le seul problème et que les médecins spécialistes allaient arrêter de nous desservir l’année suivante. Il me répondait qu’il allait négocier avec eux et qu’il les forcerait par une loi à nous couvrir. Le sommes-nous plus aujourd’hui », de questionner Sylvain Lemieux?

Détour politique

Durant les premières semaines suivant la constitution de Mes soins restent ICI, Sylvain Lemieux et Luc Pelletier se sont imposés, en quelque sorte, comme les co-porte-paroles citoyens du comité. L’appel de la politique municipale, motivé en partie par la problématique d’accessibilité aux soins de santé, est venu mettre un terme à la collaboration de Luc Pelletier avec le comité, celui-ci voulant demeurer apolitique.

À l’approche des élections provinciales, Sylvain Lemieux a quitté le comité pour les mêmes raisons. Il avait alors annoncé qu’il se présenterait comme candidat indépendant. Il a finalement appuyé la caquiste Marie-Eve Proulx, qui a été élue avec 55 % des voix. « Je l’ai appuyée parce qu’elle avait promis de mettre sur pied un comité qui se pencherait sur des solutions pour notre réseau. Pour moi, ç’a toujours été ma priorité », d’affirmer Sylvain Lemieux.

Résignés et résilients

Toutefois, deux après la marche, Luc Pelletier et Sylvain Lemieux semblent naviguer entre résilience et résignation. « On peut au moins dire que la problématique des anesthésistes s’est réglée », d’indiquer Luc Pelletier.

L’accessibilité aux soins de santé au Kamouraska préoccupe toujours autant les deux instigateurs de la marche, mais à force de revers et d’une lenteur dans le règlement de ces problématiques d’accès, on comprend qu’aujourd’hui ils ne sont plus au même endroit.

Pour Luc Pelletier, une occasion a été perdue l’an dernier pour organiser une plus grande mobilisation vers Québec, en compagnie d’autres régions vivant les mêmes problématiques que le Kamouraska. « On était en année électorale, le timing était parfait. En même temps, on aurait pu faire coïncider ça avec le premier anniversaire de la marche », confie-t-il.

Sylvain Lemieux, quant à lui, fonde encore ses espoirs sur le gouvernement en place et la création du comité promis par la députée-ministre Marie-Eve Proulx. « Il y a déjà Mes soins restent ICI et les élus du Kamouraska qui ont un comité. Jusqu’à quel point ça changerait quelque chose d’en constituer un autre comité », de demander Luc Pelletier.

Selon Sylvain Lemieux, celui-ci permettrait d’asseoir tout le monde à la même table et de travailler à des solutions. Il rêve même d’y voir le premier ministre François Legault et la ministre de la Santé Danielle McCaan. « Quand je l’ai rencontré à L’Islet, l’été dernier, François Legault s’est présenté à moi comme un homme d’affaires. Ç’a m’a parlé. Alors pourquoi il n’agit pas comme tel? Qu’il fasse un projet-pilote avec nous. Qu’il nous donne un budget qu’on va administrer localement pour la gestion du réseau, comme c’était avant. Il va être surpris du résultat », conclut-il.

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