Faire échec à l’obsolescence programmée

Produits électroniques et petits électroménagers qui rendent l’âme après quelques années à peine d’utilisation. L’obsolescence programmée est un des grands fléaux du 21esiècle qui pousse à la surconsommation. En attendant des lois gouvernementales pour tenter de la contrer, réparateurs bénévoles et étudiants ont décidé d’unir leur force pour créer un vaste atelier éphémère de réparation.

Cet atelier a élu domicile le temps d’une journée samedi dernier à la bibliothèque François-Hertel du Cégep de La Pocatière, à l’initiative de l’institution d’enseignement collégial, de la Ville de La Pocatière et de Co-éco. Appelé « Répare tes trucs », l’événement organisé dans le cadre de la semaine de la Terre avait pour but précis de lutter contre l’obsolescence programmée.

« La réduction à la source est essentielle pour diminuer notre impact sur l’environnement. En réparant, on prolonge la durée vie des appareils et on évite de les jeter », d’expliquer Valérie Boulet-Thuotte, conseillère en gestion environnementale chez Co-éco.

Pour permettre cette réduction à la source, une douzaine de réparateurs bénévoles ont accepté de réhabiliter un four à micro-ondes, un téléviseur, un ventilateur, une console de jeux, un ordinateur portable, une chaufferette, une tablette numérique, un grille-pain, une sableuse et plusieurs vêtements, grâce à la présence d’une couturière.

Partage de savoir-faire

Pour le responsable de la bibliothèque François-Hertel Martin Bérubé, cette activité est venue donner le ton à l’orientation « Fablab » qu’il désire donner au lieu au cours des prochaines années. « Les “Fablab” partent, en quelque sorte, de ce mouvement des “Repair Café”, où des gens tannés de l’obsolence programmée créaient un événement de réparation spontanée de leurs objets. Ce genre de rendez-vous permet une autre forme de partage d’expertises et de connaissances qui cadre bien avec la mission d’une bibliothèque », explique-t-il.

Travailleur autonome et enseignant au Cégep de La Pocatière, Samuel Collard est de cet avis. Il a profité de « Répare tes trucs » pour faire réfectionner sa vieille console de jeux Playstation 3 et un grille-pain. « Je ne les utilisais plus depuis un moment et je n’avais pas non plus l’intention de les remplacer. J’avais surtout le goût d’apprendre à le réparer moi-même. Parce que se lancer dans la soudure et le démontage d’un objet électronique seul, quand tu n’en as jamais fait, c’est assez inquiétant », confie-t-il.

Ce partage de savoir-faire, Valérie Boulet-Thuotte avoue qu’il s’agissait d’un autre objectif de « Répare tes trucs », car plus les objets sont jetés lorsqu’ils ne fonctionnent plus, plus les connaissances et l’expertise des gens en mesure de les réparer se perdent. « Comme tout évolue rapidement, les réparateurs perdent le fil très vite s’ils ne sont pas amenés à mettre en application leur savoir-faire. On avait approché quelques réparateurs retraités pour la journée d’aujourd’hui et ils ont tous refusé de participer, principalement pour cette raison », ajoute-t-elle.

Deuxième édition

Avec plus d’une vingtaine de gens inscrits et d’autres qui se sont ajoutés au courant de la journée, « Répare tes trucs » pourrait bien connaître une deuxième édition l’an prochain. « On aimerait bien tenir l’activité annuellement », d’indiquer Valérie Boulet-Thuotte.

Si ce rêve se concrétise, les organisateurs pourront assurément compter sur la participation d’Oliver Cervant, étudiant de 2eannée en Technologie du génie physique au Cégep de La Pocatière, qui était de l’équipe de réparateurs pour cette 1reédition. « C’est la deuxième fois que je participe à un événement du genre. Essayer de trouver le problème et le régler, ça m’amuse. Je ne vois pas ça comme du travail. »