Fusions municipales : Entrevue avec André Simard

La sortie du maire de Saint-Pacôme Robert Bérubé qui appelait à une réflexion sur d’éventuelles fusions municipales n’a peut-être pas encore trouvé écho auprès de ses collègues élus du Kamouraska, mais elle a porté suffisamment fort pour interpeller le maire de Saint-Roch-des-Aulnaies André Simard, dans la MRC voisine de L’Islet.

Le Placoteux (LP) : M. Simard, vous avez vous-même pris l’initiative de nous contacter pour revenir sur la sortie du maire de Saint-Pacôme qui appelait à réfléchir à d’éventuelles fusions municipales ou regroupements de services. Devons-nous comprendre que vous êtes en accord avec sa prise de position?

André Simard (AS) : Je partage entièrement son point de vue. Je suis maire de Saint-Roch-des-Aulnaies depuis un an et demi et je ne comprends pas pourquoi mes pairs n’en parlent pas davantage. On dirait que le sujet est tabou. Pourtant, je suis régulièrement interpellé par des citoyens qui me demandent pourquoi notre village ne fusionne pas avec Sainte-Louise!


LP : Selon vous, une fusion avec Sainte-Louise serait-elle une bonne chose justement?

AS : Juste Sainte-Louise, ça ne suffit pas selon moi. Notre population ne sera pas encore assez importante! Il faut voir plus large que ça. Comment voulez-vous qu’on prenne notre place sur l’échiquier politique national, ou même régional, en étant subdivisé en autant d’entités si peu populeuses. Il va falloir être plus fort en nombre si on veut que notre voix porte davantage auprès des gouvernements. L’Islet et Kamouraska font les frais du vieillissement de la population et de l’exode des jeunes depuis plusieurs années. Bref, ça va toujours coûter de plus en plus cher offrir des services de qualité à de moins en moins de monde. Et même si on redouble d’imagination pour mettre en place des mesures alléchantes qui doivent attirer plus de gens chez nous, ce n’est pas demain matin qu’on va réussir à inverser la tendance.


LP : Outre la force du nombre, quels seraient les autres avantages des fusions?

AS : D’une part, on aurait moins d’élus qui seraient peut-être dédiés à temps plein. D’autres part, ils seraient aussi beaucoup mieux payés et sûrement moins souvent élus par acclamation. On serait aussi plus compétitifs pour être en mesure d’embaucher des gestionnaires compétents pour le type de structure dont on se doterait, alors qu’actuellement, la plupart sont sous-payés si on considère l’ampleur de la tâche qu’ils ont à réaliser.


LP : Dois-je comprendre que vous estimez que la situation actuelle dans notre région n’est pas à l’avantage des citoyens, malgré ce que certains pourraient penser?

AS : Je vais vous donner un exemple. À Saint-Roch-des-Aulnaies, on a regroupé notre service de sécurité incendie avec celui de La Pocatière, Sainte-Anne-de-la-Pocatière et Saint-Onésime. Oui, il y a eu de l’opposition au début et les pompiers avaient démissionné en bloc. Mais aujourd’hui, ils sont pratiquement tous retournés et ils n’ont jamais été aussi heureux. Le service est dirigé par un directeur très compétent, nos pompiers n’ont jamais été aussi bien formés et leur capacité d’intervention est meilleure qu’avant. Au final, c’est la sécurité de tous les citoyens de Saint-Roch-des-Aulnaies qui a été améliorée par ce regroupement. En plus, pour la Municipalité, on n’aura plus jamais à assumer seul l’achat d’équipements dispendieux, comme un camion incendie à 400 000 $. Ceux qui ont permis cette entente ont été visionnaires, ça fonctionne extrêmement bien et on ne reviendrait jamais en arrière. Imaginez maintenant tout ce qu’on pourrait mettre en commun en étant regroupés et tous les bénéfices, pas seulement financiers, qu’on pourrait en retirer.


LP : S’il y a déjà des exemples de réussites, pourquoi les élus ne poussent pas plus loin selon vous?

AS : Comme ils ne posent pas la question à leurs concitoyens, ils ont tout le loisir de dire qu’ils n’ont pas la légitimé d’agir. C’est vrai! Mon rêve serait qu’un an avant les élections on tienne une sorte de grande journée informative où des gens du ministère des Affaires municipales pourraient nous exposer les expériences de fusions réussies à l’échelle du Québec et les erreurs à éviter. L’année d’après, on pourrait faire une élection municipale référendaire où tout le monde aurait la même question et où on demanderait aux électeurs s’ils sont ouverts à ce que leurs élus se penchent sur d’éventuelles fusions de municipalités, de MRC ou de regroupement de services. On pourrait être surpris de la réponse des gens.