Un projet de recherche pour mieux mesurer la compaction des sols

Problématique qui nuit considérablement au rendement agricole, la compaction des sols est dans la mire de Biopterre et Agrinova. Pour le compte d’Agro Enviro Lab, les deux centres collégiaux de transfert de technologie mènent actuellement un projet de recherche qui vise à mieux définir le niveau de compaction du sol d’une manière quantitative.

La compaction des sols n’est pas un phénomène nouveau au Québec, mais à l’ère où l’agriculture se préoccupe de plus en plus de la santé de ceux-ci, il devient important d’être en mesure de quantifier cette densification afin de pouvoir y remédier. « Si le sol est trop compacté, le drainage ne se fera pas correctement, l’enracinement des plantes sera difficile et le travail du sol sera laborieux. Au final, le spectre des cultures envisageables est limité, car la réactivité du sol à l’humidité ou à la sécheresse est très élevée », de résumer Sébastien Lange, codirecteur à l’innovation et responsable de la cellule biomasse et technologie environnementale chez Biopterre.

Dans la vallée du Saint-Laurent principalement, Sébastien Lange mentionne que certaines régions doivent jongler avec une compaction des sols allant de 40 à 50 cm par endroits, ce qui peut entraîner une diminution de rendement de 30 à 50 % de certains champs. Souvent, il en résulte une utilisation de fertilisants jusqu’à dix fois plus élevée que la normale afin de remédier aux conséquences de cette compaction. « Le but de notre projet de recherche n’est pas de remédier à la compaction des sols, mais de mieux la mesurer à partir d’un appareil qu’on appelle le pénétromètre », d’ajouter le codirecteur à l’innovation.

Cette façon de faire doit constituer la base d’un nouveau service que désire développer Agro Enviro Lab, entreprise installée à Sainte-Anne-de-la-Pocatière, considérée comme un leader au Québec en matière d’analyse de sols. « À partir des données récoltées dans le cadre de ce projet de recherche, on va pouvoir développer des modèles mathématiques accompagnés de recommandations agronomiques qui nous permettront d’aider les producteurs directement sur le terrain », de préciser Véronique Michaud-Tapin, agronome chez Agro Enviro Lab.

Volet pédagogique

Réalisé dans le cadre du Programme d’aide à la recherche et au transfert (PART) du ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur, ce projet de recherche d’une durée de 12 semaines est accompagné d’un volet pédagogique qui a mis à contribution des élèves en Techniques de bioécologie du Cégep de La Pocatière. Le 7 mai dernier, une trentaine d’entre eux ont mis la main à la pâte afin de récolter des échantillons de sol qui doivent servir à des fins d’analyses sur le terrain voisin du Verger patrimonial de Ruralys à Sainte-Anne-de-la-Pocatière.

Pour l’enseignant au sein du programme, Guillaume Dufour, cette activité a non seulement permis à ses étudiants de vivre une expérience de terrain concrète en lien avec la matière étudiée en classe, mais elle les incitait également à travailler avec beaucoup de sérieux. « Quand tu sais que les échantillons récoltés seront analysés dans le cadre d’un projet de recherche, tu n’as pas vraiment le choix de t’appliquer. En plus, je crois qu’on a vraiment aidé les gens sur le terrain. Ce qu’on a fait en une journée, ils l’auraient peut-être fait en une semaine, autrement », conclut-il.