Pendant que le ministère de l’Environnement tarde à émettre le certificat d’autorisation qui doit permettre à la Municipalité de Kamouraska de brancher une quinzaine de résidences supplémentaires à son réseau d’aqueduc qui doit être prolongé, Denise Bérubé et Bertrand Drapeau doivent faire preuve d’imagination pour continuer à s’approvisionner en eau potable. Depuis plus de 10 ans, comme plusieurs de leurs voisins, leur puits artésien leur procure une eau impropre à la consommation.
Écœurée, frustrée, désespérée. Denise Bérubé manque de mots pour qualifier son exaspération. Depuis 10 ans, son mari et elle doivent se procurer de l’eau potable à gauche et à droite pour subvenir à leur consommation quotidienne. L’eau de leur puits, ferreuse et trop salée, est également contaminée au manganèse. Que ce soit pour se laver, cuisiner, la boire, faire du ménage ou même du lavage, elle apporte son lot de maux de têtes. Apparence jaunâtre quand elle demeure immobile trop longtemps ou lorsqu’elle est en contact avec certains produits ménagers comme l’eau de javel, résidus blanchâtres quand elle sèche, elle est carrément inutilisable. « Je ne peux même pas arroser mes plantes avec, sinon elle meurt toutes », de s’exclamer Denise Bérubé.
Lorsque la Municipalité leur a proposé de les brancher au réseau d’aqueduc, Denise et Bertrand n’ont pas hésité. Tout comme le maire de la Municipalité Gilles A. Michaud, ils espéraient même que cela se fasse cet été. Étant donné les délais particulièrement longs dans l’émission des certificats d’autorisation au ministère de l’Environnement, la réalité les a vite rattrapés. « Notre situation peut paraître anodine pour quelqu’un qui ne la vit pas, mais vivre ce qu’on vit quotidiennement demande une gestion de tous les instants. On fait ça depuis 10 ans. Imaginez. On est censé être en 2018, mais parfois je vous jure, je me demande si je ne suis pas dans les années 1700 », déclarait-elle.
« Notre situation peut paraître anodine pour quelqu’un qui ne la vit pas, mais vivre ce qu’on vit quotidiennement demande une gestion de tous les instants. On fait ça depuis 10 ans. Imaginez. On est censé être en 2018, mais parfois je vous jure, je me demande si je ne suis pas dans les années 1700. » – Denise Bérubé
Critique
Épuisée, Denise Bérubé avoue ne pas avoir d’espoir pour la prochaine année. Selon elle, cette lenteur bureaucratique vient faire la démonstration, une fois de plus, que l’appareil gouvernemental québécois a abandonné les régions. « On dirait qu’on nous tasse sur des piles, qu’on nous oublie. On paye des taxes et des impôts comme tout le monde, est-ce possible d’avoir de l’eau s’il vous plaît », questionne-t-elle.
Elle exprime également sa consternation face au ministère de l’Environnement qui, en ne délivrant pas le certificat d’autorisation pour la prolongation du réseau d’aqueduc, compromet également la construction de l’usine de traitement de l’eau prévue au nouveau puits d’approvisionnement creusé par la Municipalité de Kamouraska et où s’écoulent des milliers de litres d’eau potable dans la nature. « Du vrai gaspillage. C’est de l’eau de qualité qui coule, comme ça, en attendant qu’on construise l’usine. On est venu chercher de l’eau ici pendant un moment et elle est très bonne, je peux vous l’assurer », ajoutait-elle.
Ne reculant devant rien, Denise Bérubé s’est même dite prête à se déplacer à ses frais rencontrer des gens du ministère de l’Environnement ou des membres du gouvernement actuel pour leur faire boire de son eau. « S’ils préfèrent, je les mets au défi de venir passer une semaine chez moi pour voir comment on fait ça la gestion de l’eau. Je vous garantis qu’ils vont l’émettre leur certificat d’autorisation après ça. »